Israël prêt à prolonger la trêve, le Hamas nie tout accord

par Allyn Fisher-Ilan et Maggie Fick JERUSALEM/LE CAIRE (Reuters) - Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas doivent se poursuivre jeudi au Caire alors que la trêve entrée en vigueur mardi soir tient toujours dans la bande de Gaza et que le gouvernement israélien a fait savoir qu'il était disposé à la prolonger. A Washington, Barack Obama a apporté son soutien à la médiation égyptienne mais a également prôné un assouplissement du blocus de Gaza, estimant que l'enclave palestinienne ne pouvait tenir durablement en étant "coupée du monde". "Pouvons-nous trouver une formule par laquelle Israël aura de plus grandes garanties que Gaza ne sera pas une rampe de lancement de nouvelles attaques mais qui offrira dans le même temps aux Palestiniens ordinaires les perspectives d'une ouverture de Gaza de sorte qu'ils ne se sentent pas emmurés ?", a ajouté le président américain lors d'une conférence de presse à Washington. Ce blocus imposé par Israël après la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de 2006 de même que les restrictions décidées par l'Egypte au point de passage de Rafah, à la frontière sud de Gaza, sont au coeur des revendications du Hamas tandis qu'Israël réclame une démilitarisation du mouvement palestinien. "Israël s'est dit prêt à prolonger la trêve selon les termes actuels", a déclaré mercredi soir sous couvert d'anonymat un responsable israélien sans préciser la durée d'une éventuelle extension. Mais le Hamas a nié qu'un accord ait été conclu sur une prolongation du cessez-le-feu qui expirera vendredi soir. Moussa Abou Marzouk, un responsable de la branche politique du Hamas basé au Caire, où émissaires israéliens et palestiniens tentent de s'entendre sur une cessation durable des hostilités, a réagi sur son compte Twitter en affirmant qu'il n'y avait "pas d'accord" pour prolonger la trêve. "Une extension de la trêve de 72 heures n'a pas fait l'objet de discussions (mercredi au Caire)", a également déclaré Sami Abou Zouhri, le porte-parole du Hamas à Gaza. LE HAMAS VEUT LA LEVÉE DU BLOCUS, ISRAËL EXIGE SA DÉMILITARISATION Au Caire, des responsables égyptiens ont déclaré que les discussions indirectes entre les deux camps, menées par le chef du renseignement égyptien, se poursuivaient. Pour l'heure, il n'y a pas eu de face à face entre les délégations des deux camps. "Les discussions indirectes entre les Palestiniens et les Israéliens avancent. Il est encore trop tôt pour évoquer des résultats, mais nous sommes optimistes", a dit un responsable égyptien. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a déclaré à la presse que son pays ne ménageait pas ses efforts pour parvenir à un accord et rechercher "des solutions qui protègent le peuple palestinien et ses intérêts". Mais la marge de manoeuvre est étroite. Dans la journée, un commandant des Brigades Ezzedine al Kassam, la branche armée du Hamas, a menacé de mettre fin aux discussions si aucun progrès n'était enregistré tant sur la levée du blocus de Gaza que sur la libération de prisonniers détenus par Israël, l'autre exigence des Palestiniens. "Si les conditions de la résistance ne sont pas respectées, l'équipe de négociateurs quittera Le Caire et ce sera à la résistance, sur le terrain, d'agir", a-t-il dit à Reuters. Côté israélien, Mark Regev, porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que "la question la plus importante était celle de la démilitarisation". "Nous devons empêcher le Hamas de se réarmer. Nous devons démilitariser la bande de Gaza", a-t-il dit. INITIATIVE EUROPÉENNE Sur ce point, le gouvernement israélien a reçu le soutien du secrétaire d'Etat américain John Kerry. "Ce que nous voulons faire, c'est soutenir les Palestiniens et leur envie d'avoir une vie meilleure, de pouvoir ouvrir les points de passage pour que la nourriture puisse entrer, pour reconstruire et avoir une plus grande liberté", a déclaré à la BBC le chef de la diplomatie américaine. "Mais cela doit s'accompagner d'un sens accru des responsabilités à l'égard d'Israël, ce qui signifie renoncer aux roquettes." Kerry a ajouté que toutes ces questions devraient au bout du compte être réglées dans le cadre plus large des efforts de paix israélo-palestiniens, alors que la relance des négociations directes entre les deux parties s'est soldée en avril par un échec malgré sa médiation active. Dans le même temps, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ont proposé de relancer une mission européenne afin d'aider à la réouverture d'un point de passage à Rafah, à la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza, ce qui permettrait de réduire son isolement. L'offensive "Bordure protectrice" lancée le 8 juillet par Israël a coûté la vie à 1.874 Palestiniens, majoritairement des civils, selon les services de santé de Gaza, et fait des centaines de milliers de déplacés au sein d'une population estimée à 1,8 million de personnes. Israël a perdu 64 soldats ainsi que trois civils. (avec Nidal al Mughrabi à Gaza, Matt Spetalnick et Arshad Mohammed à Washington; Pierre Sérisier, Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français)