Israël-Hamas: Netanyahu affirme qu'"il n'y aura pas" de cessez-le-feu qui serait "une reddition"

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exclu lundi tout cessez-le-feu dans la guerre dans la bande de Gaza, qui serait selon lui "une reddition face au Hamas".

"Les appels à un cessez-le-feu sont des appels à Israël à se rendre face au Hamas. Cela ne se produira pas", a déclaré Benjamin Netanyahu lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv, exhortant la communauté internationale à se joindre à son pays pour exiger la libération "immédiate et sans conditions" des otages retenus à Gaza.

La guerre, qui menace d'embraser toute la région, a fait des milliers de morts, majoritairement des civils, et met à très rude épreuve les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, soumise depuis le 9 octobre à un "siège complet" qui les prive d'eau, de nourriture et d'électricité. L'aide internationale y arrive au compte-goutte.

Les États-Unis ont dit lundi avoir fait pression sur Israël pour rétablir l'accès à internet dans le territoire, coupé vendredi pendant d'intenses bombardements, laissant les habitants sans pouvoir communiquer avec leurs proches.

"Les appels à un cessez-le-feu sont des appels à se rendre face au Hamas. Cela ne se produira pas", a déclaré Benjamin Netanyahu.

Le Hamas a pour sa part fait état de "combats intenses" dans le nord de la bande de Gaza, sans donner de bilan ni plus de précisions.

Faute de journalistes dans ce secteur, il a été impossible pour l'AFP d'en établir un de source indépendante.

Chars israéliens près de Gaza-ville

Des témoins ont affirmé dans la matinée à l'AFP avoir vu "des dizaines" de chars israéliens en lisière de Gaza-ville, 1,5 à 2 km à l'intérieur du territoire palestinien, une première depuis le début de la guerre.

D'après ces sources, les chars, mais aussi l'aviation israélienne, ont bombardé la route de Salaheddine, un axe routier nord-sud, sur un kilomètre environ, avant de se retirer.

Le Hamas a minimisé la portée de cette incursion, sa branche militaire ajoutant avoir riposté en tirant des obus antichar en direction "de deux blindés".

Le mouvement islamiste palestinien affirme, dans un dernier bilan, que 8.306 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre.

En Israël, d'après les autorités, plus de 1.400 personnes sont mortes depuis cette date, essentiellement des civils tués le jour de l'attaque du Hamas.

L'armée affirme avoir frappé ces dernières 24 heures "600 cibles" - dépôts d'armes, positions de lancement de missiles et caches - du Hamas, qu'Israël, les États-Unis et l'Union européenne considèrent comme une organisation "terroriste". Elle assure également avoir tué "des dizaines de terroristes".

"Manipulation psychologique" autour des otages

Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines d'hommes du Hamas se sont infiltrés depuis Gaza sur le sol israélien, où ils ont commis l'attaque la plus meurtrière depuis la création d'Israël en 1948.

Ils ont enlevé 239 personnes dont "beaucoup de travailleurs étrangers", selon les autorités israéliennes.

Le Hamas a publié lundi une vidéo de trois femmes présentées comme des otages, où l'une d'elles appelle Benjamin Netanyahu à conclure un échange de prisonniers avec le mouvement islamiste pour leur libération.

Benjamin Netanyahu a qualifié la vidéo de "propagande psychologique cruelle", tout en exhortant la communauté internationale à se joindre à son pays pour exiger la libération "immédiate et sans conditions" de tous les otages.

Quatre femmes ont été relâchées à ce jour par le Hamas.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a en revanche annoncé lundi la mort de Shani Louk, une Germano-Israélienne qui avait été reconnue après son enlèvement sur des vidéos montrant une femme à moitié dénudée, apparemment inconsciente, visage contre terre à l'arrière d'un pick-up.

Situation humanitaire "désastreuse"

Dans la bande de Gaza, bombardée depuis le 7 octobre, l'ONU alerte quotidiennement sur la situation humanitaire "désespérée" des civils palestiniens qui vivent entassés dans le territoire 360 km2.

Les appels se sont multipliés pour laisser passer l'aide, alors que la bande de Gaza est déjà soumise à un blocus israélien depuis l'arrivée au pouvoir du Hamas en 2007.

Des milliers de bâtiments ont été rasés et plus de la moitié de la population (1,4 million environ) a été contrainte de se déplacer pour échapper aux bombardements, d'après l'ONU.

Dimanche, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan a affirmé "qu'empêcher l'acheminement de l'aide peut constituer un crime".

"Israël doit s'assurer sans délai que les civils reçoivent de la nourriture, des médicaments", a-t-il ajouté.

L'aide internationale s'entasse au poste-frontière de Rafah, séparant l'Égypte de Gaza, en attendant d'être inspectée par Israël avant de passer, explique un responsable du gouvernement américain ayant requis l'anonymat.

Au total, 117 camions sont arrivés à Gaza depuis le 21 octobre, selon l'ONU, dont 33 dimanche, mais cette aide reste "très insuffisante".

Dimanche, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) avait mis en garde contre un écroulement de "l'ordre public" dans la bande de Gaza, après le pillage d'entrepôts et de centres de distribution d'aide alimentaire par des centaines de personnes.

L'inquiétude humanitaire porte aussi sur la situation des hôpitaux de Gaza où, selon le Croissant-Rouge palestinien, les bombardements mettent en péril les patients et les milliers de civils qui y sont réfugiés.

Israël accuse le Hamas de se servir des hôpitaux pour cacher armes ou combattants, ce que le Hamas dément. Faute d'eau et de carburant, la population se lave et fait sa vaisselle dans la mer, et se déplace à dos d'âne.

Article original publié sur BFMTV.com