Israël et le Hamas acceptent une trêve de trois jours

Dans la ville de Gaza. Une trêve humanitaire de 72 heures est entrée en vigueur vendredi à 08h00 (05h00 GMT) entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, au 25e jour d'un conflit qui a fait plus de 1.500 morts dans le territoire côtier palestinien. /Photo prise le 31 juillet 2014/REUTERS/Finbarr O'Reilly

par Nidal al-Mughrabi et Ori Lewis GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Une trêve humanitaire de 72 heures est entrée en vigueur vendredi à 08h00 (05h00 GMT) entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, au 25e jour d'un conflit qui a fait plus de 1.500 morts dans le territoire côtier palestinien. Des délégués israéliens et palestiniens devaient également se rendre au Caire dès que les armes se tairont pour entamer des négociations en vue d'un cessez-le-feu durable. L'accord a été annoncé dans la soirée de jeudi par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et le secrétaire d'Etat américain John Kerry dans un communiqué commun. Le Hamas, puis Israël ont par la suite confirmé leur intention d'observer cette trêve de trois jours, la plus longue trêve humanitaire depuis le début de l'opération israélienne le 8 juillet. Les combats n'en ont pas moins continué pendant la nuit. Une heure seulement avant le cessez-le-feu, des Palestiniens ont tiré une douzaine de roquettes sur Israël, dont l'une a été interceptée par le système antimissile Dôme de fer alors qu'elle se dirigeait vers le centre du pays, a déclaré Tsahal. Plus tôt dans la nuit, les sirènes avaient retenti à Tel Aviv. Les frappes nocturnes israéliennes ont fait 14 morts à Gaza, dont huit membres d'une même famille, selon des sources hospitalières. L'armée israélienne a annoncé que cinq de ses soldats avaient été tués jeudi soir par un tir de mortier. "Nous exhortons toutes les parties à agir avec retenue jusqu'à l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu humanitaire et à pleinement respecter leurs engagements pendant le cessez-le-feu", ont déclaré Ban Ki-moon et John Kerry dans leur communiqué. "Ce cessez-le-feu est capital pour offrir à des civils innocents un répit indispensable", ont-ils dit. CESSEZ-LE-FEU DURABLE Quelques heures avant l'annonce du cessez-le-feu, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, réagissant aux inquiétudes de plus en plus vives de la communauté internationale face au nombre grandissant de victimes civiles, avait dit qu'Israël était déterminé à détruire la totalité des tunnels creusés par les groupes palestiniens sous la frontière de la bande de Gaza, "qu'il y ait ou non un cessez-le-feu". Le texte de Ban Ki-moon et John Kerry précise que les "forces sur le terrain resteront en place" pendant la trêve, ce qui implique que l'armée israélienne ne se retirera pas et pourra continuer ses opérations contre les tunnels. Dans l'intervalle, des délégations israélienne et palestinienne se rendront au Caire pour des négociations séparées en vue d'un arrêt plus durable des hostilités, indique le communiqué. La délégation palestinienne comprendra des représentants du Hamas, du Fatah, du Djihad islamique et de plusieurs autres groupes, précise-t-on de sources palestiniennes. Elle sera nommée par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui n'assistera pas aux pourparlers, selon le département d'Etat. Ni Israël ni les Etats-Unis ne s'assiéront en face du Hamas à la table des discussions, qui débuteront dès que possible vendredi, en fonction de l'heure d'arrivée des délégations, a déclaré un haut responsable du département d'Etat. Les Etats-Unis, tout comme l'Union européenne et Israël, considèrent le Hamas, maître de la bande de Gaza depuis 2007, comme une organisation terroriste. Dans un communiqué, le ministère égyptien des Affaires étrangères a souligné "l'importance que les deux parties respectent leurs obligations (...) pour que les négociations puissent se dérouler dans des conditions convenables et parvenir aux résultats souhaités". "Nous sommes convaincus que le seul moyen durable de répondre aux inquiétudes d'Israël en matière de sécurité et de permettre aux Palestiniens de Gaza de vivre une vie normale est de conclure un accord de cessez-le-feu permanent", a déclaré la Maison blanche. INTENSE EFFORT DIPLOMATIQUE Le secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des affaires politiques, Jeffrey Feltman, a déclaré que cette trêve humanitaire était le résultat d'un intense effort diplomatique. "Les Egyptiens ont joué un rôle important, les Qataris ont joué un rôle essentiel pour amener les parties à la table de négociations, les Turcs sont restés en contact avec toutes les parties. C'était un effort collectif", a-t-il dit sur CNN. Depuis le début de l'opération "Bordure protectrice" le 8 juillet, 1.441 Palestiniens au moins, pour la plupart des civils, ont été tués dans les pilonnages et les combats, selon des médecins gazaouis. Dans le même temps, Israël a perdu 61 soldats, et trois civils sont morts en territoire israélien dans les tirs de roquettes ou d'obus de mortier palestiniens. "C'est une occasion, un moment à saisir par les différentes factions pour pouvoir parler ensemble à l'Etat hébreu dans le but de trouver les moyens de conclure un cessez-le-feu durable et puis évidemment, sur une plus longue période de temps, de régler les problèmes de fond", a dit John Kerry lors d'une visite à New Delhi. "Nous espérons que cette occasion sera saisie par toutes les parties", a-t-il ajouté. "Il n'y a pas de garanties. (...) Tout le monde sait que ce ne sera pas facile d'aller au-delà de cette étape, mais il est impératif que tout le monde fasse le plus d'efforts possible pour trouver un terrain d'entente." (Avec Ari Rabinovitch, Lesley Wroughton à Washington, David Brunnstrom à New Delhi; Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Henri-Pierre André)