Israël : pour dénoncer le projet de réforme judiciaire de Netanyahu, la presse affiche une page noire en Une

Sur ces différents titres de presse israéliens, un rectangle noir en guise de protestation contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement Netanyahu.
Sur ces différents titres de presse israéliens, un rectangle noir en guise de protestation contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement Netanyahu.

ISRAËL - La crise s’amplifie en Israël. Au lendemain de l’adoption par la Knesset (le Parlement israélien) d’une mesure clé du projet de réforme judiciaire controversé porté par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, la presse monte au créneau pour dénoncer son impact sur la démocratie.

Plusieurs quotidiens israéliens affichaient ainsi ce mardi 25 juillet une première page entièrement noire, avec ces mots : « jour noir pour la démocratie israélienne ». Un message écrit en blanc en bas à gauche de ces grands encadrés noirs, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

La campagne a été présentée comme une « publicité » sur les journaux israéliens du jour, comme le rapporte The Jerusalem Post. Selon le journal, ces pages noires en une de journaux comme Hayom, Yediot Aharonot, Calcalist, The Marker et Haaretz ont été payées par Democratech Israel, un mouvement de protestation des travailleurs de la haute technologie qui lutte également contre ce projet de loi du gouvernement.

« Le moteur d’Israël n’abandonnera jamais », pouvait-on également lire sur une autre publicité noire en deuxième page, comme le rapporte le quotidien Haaretz.

Un symbole lourd de sens, alors que le gouvernement Netanyahu estime que la mesure adoptée, qui vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats, est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs. Ses détracteurs y voient surtout une menace contre la démocratie et craignent qu’elle ouvre la voie à une dérive autoritaire.

Plusieurs appels ont également été déposés après l’adoption de la loi – notamment par le barreau israélien – auprès de la Cour suprême pour l’invalidation de cette loi, votée par les 64 élus de la coalition du Premier ministre, qui comprend des partis juifs ultraorthodoxes et d’extrême droite.

Benjamin Netanyahu avait affirmé lundi vouloir négocier avec l’opposition sur la suite du projet de réforme et « mener un dialogue entre nous ». Le chef de l’opposition Yaïr Lapid avait toutefois rétorqué que « l’objectif de Netanyahu était de faire taire les protestataires » et prévenu que la lutte ne faisait que commencer.

Appels à la grève et nouvelles manifestations

Après d’importants rassemblements de protestation sur les routes qui mènent à Jérusalem et au Parlement israélien, les dernières heures ont été marquées par des appels à la grève générale dans un contexte de contestation grandissante.

Lors des manifestations qui se sont poursuivies tard lundi soir, 58 personnes ont été interpellées par la police pour troubles à l’ordre public, selon un porte-parole de la police. Les manifestations ont attiré des Israéliens de tous les horizons politiques et sociaux, laïques ou religieux, militants pacifistes, cols-bleus ou travailleurs du secteur de la technologie mais aussi des réservistes de l’armée.

La police a eu recours à des canons à eau pour disperser des manifestants qui tentaient de bloquer des axes principaux à Jérusalem et Tel-Aviv lundi dans la soirée.

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