Israël défend son île artificielle au large de Gaza, en pleine réunion de crise

"Le ministre (israélien) aurait pu mieux profiter de son temps et se préoccuper de la sécurité de son pays et du nombre élevé de morts à Gaza", s’est agacé Josep Borrell.

INTERNATIONAL - Devoir hors sujet. Alors que se tenait, ce lundi 22 janvier, à Bruxelles une réunion des ministres européens des Affaires étrangères pour évoquer notamment la guerre entre Tel Aviv et le Hamas, leur homologue israélien Israël Katz, a profité de son temps de parole pour défendre... son projet d’île artificielle au large de Gaza.

Interrogé par des journalistes, il a assuré qu’il était à Bruxelles pour s’assurer du soutien des Européens dans la guerre menée par son pays afin de « démanteler » le Hamas et obtenir la libération des otages que le mouvement islamiste palestinien détient encore.

Pourtant, d’après l’AFP, lors de cette réunion, il a abordé un tout autre sujet. Il a montré à ses homologues deux vidéos : l’une sur un projet d’île artificielle devant servir de port à Gaza et une autre concernant une ligne ferroviaire devant relier Israël à l’Inde.

"Pure fantaisie"

La vidéo concernant l’île datait de 2017, période à laquelle Israël Katz était ministre des Transports et du Renseignement. Lors de la présentation du projet cette année-là, la création de l’île d’une superficie de 534 hectares devait coûter plus de 5 milliards de dollars sur plusieurs années. Il était alors question qu’elle soit utilisée pour inspecter les marchandises et les personnes entrant dans la bande de Gaza par la mer.

Elle aurait également compris une usine de dessalement, une centrale électrique et un port de marchandises, et potentiellement l’établissement d’un aéroport par la suite. Un pont de 4,5 kilomètres reliant l’île à l’enclave palestinienne était également envisagé pour permettre de décharger les marchandises.

Selon Euronews, un porte-parole de l’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie, a déclaré à Reuters en 2011 que cette idée était une « pure fantaisie », accusant Israël d’essayer de « détourner l’attention des vrais problèmes de Gaza résultant du siège israélien ».

Les ministres européens "confus"

La présentation d’Israël Katz a laissé ses homologues Européens « confus », d’après le New York Times. « Cela n’avait pas grand-chose à voir avec ce dont nous discutions », a déclaré Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l’Union Européenne, en évoquant l’urgence de la situation humanitaire dans l’enclave.

« Le ministre (israélien) aurait pu mieux profiter de son temps et se préoccuper de la sécurité de son pays et du nombre élevé de morts à Gaza », a ajouté Josep Borrell devant la presse, ne cachant pas son agacement.

Selon des responsables européens, cités par le New York Times, ce projet d’île n’incluait pas explicitement la relocalisation des Palestiniens. Mais un responsable israélien voyageant avec le ministre des Affaires étrangères a déclaré que cela pourrait inclure des logements pour les Palestiniens. Il a ajouté que l’intention serait d’augmenter la disponibilité de logements, et non de renoncer à la reconstruction de Gaza après la guerre ou d’y déplacer les Gazaouis à long terme.

Par ailleurs, comme le rappelle le média américain, les responsables palestiniens, les dirigeants arabes et les responsables de l’administration Biden ont déclaré qu’ils s’opposaient fermement à tout effort visant à réinstaller les habitants de Gaza en dehors de l’enclave.

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