En Israël, cette décision de la Cour suprême met Benjamin Netanyahu sous pression

Benjamin Netanyahu, ici s’exprimant lors d’une conférence de presse à Jérusalem, en Israël, le 17 mars 2024.
LEO CORREA / AFP Benjamin Netanyahu, ici s’exprimant lors d’une conférence de presse à Jérusalem, en Israël, le 17 mars 2024.

ISRAËL - Benjamin Netanyahu est actuellement sous pression dans son pays. Le premier ministre israélien, qui avait demandé jeudi à la Cour suprême un nouveau report pour permettre au gouvernement de s’entendre sur l’épineuse question de la conscription des juifs ultra-orthodoxes, n’a désormais plus que très peu de temps devant lui.

La Cour suprême israélienne a donné au gouvernement jusqu’à ce lundi 1er avril pour présenter un nouveau plan, et jusqu’au 30 juin pour l’adopter.

La procureure générale Gali Baharav-Miara, dont le rôle est de conseiller le gouvernement sur les questions juridiques et de le représenter devant les juridictions judiciaires, avait estimé jeudi qu’en l’absence de loi pour autoriser un report de la conscription, « à partir du 1er avril » il ne sera pas possible pour « les étudiants des écoles talmudiques de continuer à éviter les procédures » pour faire le service militaire.

Alors qu’Israël est en guerre contre le Hamas à Gaza depuis bientôt six mois, cette exemption dont bénéficient actuellement les juifs ultra-orthodoxes est de plus en plus critiquée au sein de la société.

Saisie de plusieurs appels exigeant une conscription immédiate des juifs ultra-orthodoxes pour respecter la loi sur l’égalité entre les citoyens, la Cour suprême avait initialement donné jusqu’à mercredi au gouvernement pour formuler un projet de loi détaillé.

Dans une lettre adressée jeudi à la haute juridiction, Benjamin Netanyahu avait sollicité un report de 30 jours invoquant « les conditions liées aux efforts de guerre ». « La question de l’égalité des devoirs est d’une importance capitale pour la société israélienne », argumentait le Premier ministre, ajoutant qu’il fallait « encore un peu de temps pour arriver à un accord » sur cette question.

Prenant acte de l’impossibilité du gouvernement à présenter un projet de loi en la matière, la Cour suprême avait rendu jeudi soir un arrêt provisoire prévoyant le gel des fonds publics alloués aux étudiants des écoles talmudiques qui ne se présentent pas au service militaire.

Une exemption instaurée à la création de l’État d’Israël en 1948

La décision finale dans cette affaire pourrait avoir de profondes conséquences politiques et sociales. Benny Gantz, rival politique de Benjamin Netanyahu, qui s’était déclaré prêt à démissionner du gouvernement d’unité d’urgence sur ce dossier, a salué la décision de la Cour suprême, déclarant qu’il reconnaissait « le besoin de soldats au cours d’une guerre difficile, et le besoin pour chacun dans notre société de prendre part au droit de servir le pays », rapporte The Guardian.

Les deux partis ultra-orthodoxes de la coalition religieuse-nationaliste du Premier ministre, United Torah Judaism et Shas, ont eux dénoncé la décision comme une « marque de Caïn ». Aryeh Deri, le chef du Shas, a qualifié la décision du tribunal de « brimade sans précédent des étudiants de la Torah dans l’État juif ».

En Israël, le service militaire est obligatoire, mais les juifs ultra-orthodoxes (« haredim » en hébreu) peuvent échapper à la conscription s’ils consacrent leur temps à étudier les textes sacrés du judaïsme, une exemption instaurée à la création de l’État d’Israël en 1948 et qui n’a jamais été changée depuis.

Selon un récent sondage, 70 % de la population juive du pays estime désormais, alors que la guerre fait rage à Gaza, que les ultra-orthodoxes devraient faire leur service militaire comme les autres.

Par ailleurs, sur le terrain, dans la guerre opposant l’armée israélienne au Hamas, le Croissant rouge palestinien a fait état de cinq morts et 30 blessés ce samedi 30 mars avant l’aube dans la ville de Gaza. Une nouvelle distribution d’aide alimentaire a dégénéré, entre tirs et bousculade.

Le drame s’est produit alors que des milliers de personnes attendaient l’arrivée d’une quinzaine de camions de farine et autres aliments, selon l’organisation de secours, au rond-point de Koweït, théâtre de précédents incidents ces dernières semaines.

Alors que les négociations pour parvenir à une trêve semblent dans l’impasse, les deux camps s’accusant mutuellement d’être à l’origine du blocage, Benjamin Netanyahu a « approuvé un prochain cycle de négociations, dans les jours à venir, à Doha et au Caire (...) pour aller de l’avant », a annoncé son bureau vendredi.

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