Isild Le Besco réagit aux poursuites contre Benoît Jacquot et « ne se fait pas d’illusions »

Isild Le Besco, ici le 22 mai 2024, a porté plainte contre Benoît Jacquot. Ce dernier a été mis en examen le 3 juillet 2024.
LOIC VENANCE / AFP Isild Le Besco, ici le 22 mai 2024, a porté plainte contre Benoît Jacquot. Ce dernier a été mis en examen le 3 juillet 2024.

JUSTICE - « J’ai ressenti une forme de soulagement en constatant que la justice s’intéresse au sujet douloureux des maltraitances et s’en empare. Mais je ne me fais pas vraiment d’illusions. » L’actrice Isild Le Besco a réagi aux poursuites contre Benoît Jacquot dans une interview accordée au magazine Elle ce mercredi 3 juillet.

Benoît Jacquot mis en examen pour viols sur les actrices Isild Le Besco et Julia Roy

Le réalisateur de 77 ans avait été placé en garde à vue lundi. Isild Le Besco a été interrogée par le magazine dans la foulée, peu avant qu’il ne soit mis en examen pour viols sur elle et sur l’actrice Julia Roy. Isild le Besco, aujourd’hui âgée de 41 ans, a tourné six films avec Benoît Jacquot qu’elle a rencontré quand elle avait 16 ans et l’accuse de violences sexuelles, psychologiques et physiques. Le réalisateur Jacques Doillon avait également été placé en garde à vue, mais elle avait été levée pour « raisons médicales ».

« Pourquoi Benoît Jacquot et pas Jacques Doillon ? Ce ne sont pas les mêmes profils, certes, mais ils ont pour point commun d’être accusés d’avoir abîmé des jeunes filles et des femmes. De les avoir pillées sans les aimer le moins du monde », regrette dans Elle Isild Le Besco. « Je crains que nous soyons loin de la fin de l’impunité. Le chemin va être long », ajoute la comédienne.

« Je le fais surtout au nom de toutes celles qui sont bâillonnées »

L’enquête préliminaire avait été déclenchée par la plainte de l’actrice Judith Godrèche, qui a révélé sa relation sous emprise avec Benoît Jacquot alors qu’elle était adolescente. Mais ce n’est pas la prise de parole de Judith Godrèche, qui a déclenché le mouvement #MeToo dans le cinéma français, qui a poussé Isild Le Besco à s’adresser à la justice.

Elle explique que c’est l’écriture de son livre Dire Vrai, paru début mai, qui l’a poussée à le faire : « A la sortie de mon livre, j’ai lâché prise. J’ai accepté ce pacte avec moi-même. Je me suis dit que c’était aussi une façon de bien définir les choses, de les circonscrire. Et surtout, je ne pouvais pas manquer l’occasion de m’exprimer. Je le fais surtout au nom de toutes celles qui sont bâillonnées. »

L’actrice ajoute également s’être rendue compte qu’elle conseillait à ses proches de porter plainte, sans l’avoir fait elle-même. « C’était en totale contradiction avec ma propre démarche. J’ai eu envie d’être cohérente », affirme Isild Le Besco. Elle dit aussi ne pas en attendre « grand-chose » : « Je sais bien qu’il ne leur arrivera probablement rien, peut-être un petit bracelet électronique qui obligera à rentrer tôt à la maison. Rien en comparaison de ces blessures avec lesquelles il nous faut vivre. »

À voir aussi sur Le HuffPost :

Au cinéma, le film « Maria » montre que le silence était déjà roi, 50 ans avant #MeToo

Manifestation contre l’extrême droite : Judith Godrèche livre un discours fort sur scène