En Irlande, le dernier hommage des fans de Sinéad O'Connor

En Irlande, le dernier hommage des fans de Sinéad O'Connor

Des centaines de fans de Sinéad O'Connor se sont réunis ce mardi matin dans la ville de Bray, au sud de Dublin, pour lui rendre un dernier hommage. Ils ont salué la procession funéraire organisée dans cette ville côtière où la chanteuse irlandaise, retrouvée morte le 26 juillet à son domicile londonien à l'âge de 56 ans, a vécu pendant 15 ans.

La ville de Bray avait installé dès dimanche une grande inscription sur une colline, visible depuis le ciel, sur laquelle on peut lire les mots "L'irlande aime Sinéad" en gaélique.

Depuis l'annonce de sa mort, des admirateurs se succèdent devant la maison qu'elle a habitée pour y déposer des gerbes de fleurs. La police leur avait conseillé de se réunir dès 10h30, heure locale (11h30, heure de Paris) ce matin, mais ils étaient déjà nombreux une heure auparavant.

D'après la BBC, des funérailles privées ont eu lieu en début de matinée et ont inclus une prière musulmane, la foi que s'était choisie Sinéad O'Connor. Elle a été réalisée par l'imam Umar Al-Qadri, responsable au Centre islamique d'Irlande. Un enterrement en comité retreint devait se dérouler après le cortège.

La procession a ensuite parcouru le front de mer, allant à la rencontre du public. Une manière, pour ses proches, de "reconnaître l'élan d'amour des habitants" de la région et d'ailleurs depuis l'annonce de sa mort, comme ils l'avaient expliqué en amont.

Les fans ont salué le corbillard au son des chansons de Sinéad O'Connor, diffusées par des enceintes. Certains ont chanté en choeur Nothing Compares 2 U, l'un des tubes les plus emblématiques de la chanteuse. Le cortège s'est brièvement arrêté devant son ancienne maison. La musique s'est tue et les admirateurs ont applaudi pendant plus d'une minute.

Présence du chef de l'État

Le président irlandais Michael D. Higgins et son Premier ministre Leo Varadkar ont assisté aux obsèques qui se sont déroulées avant la procession. Le chef d'État a salué la mémoire de la chateuse et son "impact profond sur le peuple irlandais" dans un communiqué relayé par la BBC:

"La contribution unique de Sinéad impliquait l'expérience d'une immense vulnérabilité combinée à un niveau de créativité superbe, exceptionnel, qu'elle a choisi d'exprimer à travers sa voix, sa musique et ses chansons."

Il a ajouté que son art s'était bâti au prix "d'une douleur incroyable, peut-être plus forte que ce qu'une personne peut supporter."

Icône irrévérencieuse

Outre sa musique, la chanteuse était connue pour son combat contre les abus sexuels dans l'Église catholique, qu'elle accusait de ne pas avoir suffisamment protégé les enfants. Elle avait déchiré en 1992 une image du pape Jean Paul II à la télévision aux États-Unis.

"Elle avait le courage de parler quand tous les autres restaient prudemment silencieux", a souligné sur son site internet Morrissey, le chanteur du groupe The Smiths.

La chanteuse, qui affirmait avoir été maltraitée par sa mère, fit de nouveau scandale en 1999 quand une église irlandaise dissidente l'ordonna "prêtresse".

Les causes de sa mort n'ont fait l'objet d'aucune communication. La police avait déclaré que son "décès n'est pas considéré comme suspect".

Ces dernières années, Sinéad O'Connor s'épanchait sur les réseaux sociaux, menaçant ses anciens associés de poursuites judiciaires, décrivant ses problèmes de santé physiques et mentaux, partageant ses pensées suicidaires et ses relations compliquées avec sa famille. Elle avait quatre enfants.

En 2022, son fils Shane, 17 ans, avait mis fin à ses jours. Sinead O'Connor avait alors été hospitalisée après avoir indiqué sur les réseaux sociaux qu'elle songeait elle aussi au suicide.

Selon ses agents, elle terminait un nouvel album, préparait une tournée et avait pour projet de porter à l'écran son autobiographie, Rememberings, sortie en 2021.

Article original publié sur BFMTV.com