En Iran, visite décisive du chef de l’Agence de l’énergie atomique dans un contexte de guerre au Moyen-Orient
INTERNATIONAL - Une visite loin d’être anodine. Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est arrivé ce lundi 6 mai en Iran pour participer à une conférence sur le nucléaire, à un moment où les inquiétudes grandissent autour du programme nucléaire de Téhéran dans un contexte de tensions régionales accrues.
Rafael Grossi vient également négocier « avec les plus hauts responsables politiques et du nucléaire du pays », dont le chef de l’Organisation de l’énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, ont indiqué les agences de presse iraniennes Mehr et Isna. Il rencontrera aussi lundi après-midi le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.
Le HuffPost fait le point sur les objectifs de ce déplacement de l’AIEA, jusqu’à mercredi, dans la province d’Ispahan, au centre du pays. C’est dans cette région que se trouve l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz.
• Partager les inquiétudes sur le programme nucléaire iranien
Cette visite, la première du responsable de l’agence des Nations unies depuis mars 2023 en Iran, est un moyen pour l’AIEA de s’assurer que l’Iran reste dans les clous du programme nucléaire iranien qui vise à encadrer la production d’uranium du pays. Depuis 2021, l’AIEA soupçonne l’Iran d’activités illicites sur certains sites nucléaires, alors que les inspections de l’agence ont été fortement réduites, les caméras de surveillance débranchées et l’accréditation d’un groupe d’experts a été retirée.
Depuis la dernière visite de Rafael Grossi, les relations entre les deux parties se sont encore fortement détériorées, Téhéran restreignant sa coopération tout en poursuivant son escalade nucléaire.
L’agence de presse officielle Irna avait indiqué dimanche que la visite de Rapahel Grossi serait une occasion pour les deux parties de « partager leurs inquiétudes », concernant le travail des inspecteurs de l’AIEA, sans plus de détail. « Nous sommes sûrs que les négociations (avec Rafael Grossi) dissiperont davantage les incertitudes et que nous pourrons renforcer nos relations avec l’Agence », avait déclaré à cet égard le chef iranien de l’Organisation de l’énergie atomique.
• Escalade des violences entre Israël et l’Iran
Les craintes de l’AIEA sont d’autant plus grandes que le conflit israélo-palestinien s’est accenté après l’attaque terroriste du 7 octobre. C’est dans ce contexte tendu que l’Iran a lancé le 13 avril dernier une attaque inédite depuis son sol, vers Israël. En représailles, Israël avait ensuite lancé une attaque de drones le 19 avril.
Face à ces ripostes, le chef de l’AIEA avait appelé « chacun à une extrême retenue » et répété « que jamais aucune installation nucléaire ne devrait être ciblée lors de conflits militaires ». L’AIEA avait précisé qu’elle n’avait cependant constaté « aucun dégât » sur les sites nucléaires iranien après les explosions rapportées mi-avril dans le centre de l’Iran.
• La bombe atomique, source première de discorde
Depuis des années Israël accuse l’Iran qui dément, de vouloir se doter de la bombe atomique et dit chercher par tous les moyens à l’en empêcher. Mais la dégradation de la relation entre les deux pays renforce forcément l’inquiétude d’une potentielle attaque contre une installation nucléaire iranienne. D’autant plus que Téhéran dispose de suffisamment de matière pour fabriquer plusieurs bombes atomiques.
L’Iran est « le seul pays non doté de l’arme atomique à enrichir l’uranium au niveau de 60 % et à accumuler » d’importants stocks, avait toutefois rappelé en mars le directeur général de l’agence de l’ONU. Ce seuil est proche des 90 % nécessaires pour élaborer une bombe et se situe bien au-delà du plafond autorisé de 3,67 %, équivalant à ce qui est utilisé pour la production d’électricité.
L’Iran s’est affranchi progressivement des engagements pris dans le cadre de l’accord international de 2015 encadrant ses activités nucléaires en échange d’une levée des sanctions internationales.
Ce pacte, connu sous l’acronyme JCPOA, a volé en éclats après le retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président d’alors, Donald Trump. Des discussions à Vienne, où est basée l’AIEA, pour le ranimer ont échoué à l’été 2022 et aucun espoir de relance ne se profile à court terme.
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