En Iran, le rappeur Toomaj Salehi condamné à mort, la communauté internationale dénonce la sentence
IRAN - C’est une condamnation à mort, en Iran, qui trouve un certain écho international cette semaine. Emprisonné depuis plus d’un an et demi, Toomaj Salehi a écopé de la peine capitale « pour corruption sur Terre », l’un des chefs d’accusation les plus graves en Iran. Le tribunal révolutionnaire qui l’a jugé avait accusé le rappeur d’« incitation à la sédition, rassemblement, conspiration, propagande contre le système et appel aux émeutes ».
Le rappeur de 33 ans (voir l’un de ses clips ci-dessous) avait été arrêté en octobre 2022. Il avait soutenu via ses chansons et sur les réseaux sociaux le mouvement de contestation déclenché après la mort le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne détenue par la police des mœurs, qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict pour les femmes.
Depuis l’annonce de sa condamnation, les soutiens sont nombreux sur les réseaux sociaux un peu partout dans le monde. En France, un appel à se rassembler pour exiger la libération du rappeur et des prisonniers politiques iraniens circule ces dernières heures : le point de rendez-vous est fixé ce dimanche 28 avril, 15h, place de la Bastille à Paris.
À #Paris, place de la Bastille, comme partout dans le monde, nous serons rassemblés dimanche 28 avril à 15h pour exiger la libération du rappeur iranien #ToomajSalehi et de tous les prisonniers politiques en #Iran ! #FreeToomaj #FreeToomajSalehi #IRGCterrorists #FemmeVieLiberté… pic.twitter.com/XuYzjJ90Gi
— Francois Bechieau (@Fr_Bechieau) April 26, 2024
Plusieurs députés sont aussi montés au créneau, dénonçant comme l’écologiste Sandrine Rousseau le sort réservé à Toomaj Salehi.
J’appelle @steph_sejourne à exiger la libération immédiate de #ToomajSalehi rappeur iranien condamné à mort pour son soutien au mouvement de protestation #FemmeVieLiberte et de tous les prisonniers politiques détenus en #Iran.#Freetoomaj #StopExecutionsInIran pic.twitter.com/RYMDGRe7JS
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) April 25, 2024
Pour l'abolition universelle de la peine de mort, j'appelle @steph_sejourne à exiger la libération immédiate de #ToomajSalehi, rappeur iranien engagé, ainsi que celle de tous les prisonniers politiques condamnés à mort en Iran.#FreeToomaj #StopExecutionsInIran #FemmeVieLiberté pic.twitter.com/EWnsst7QFI
— Frédéric MATHIEU (@frdric_mathieu) April 25, 2024
On apprend avec effroi que le chanteur iranien #ToomajSalehi, dont la condamnation à mort avait pourtant été commuée en peine de prison en juillet, est condamné à la peine capitale.
La France doit exiger d’@Iran_GOV sa libération et l’arrêt des exécutions !#AmnestyForToomaj pic.twitter.com/Ip2smWqZRc— Léo Walter (@LeoWalter04) April 24, 2024
Sur X, des anonymes ont aussi apporté leur soutien au rappeur suivi par plus d’un million de personnes sur Instagram, lui qui soutient le mouvement « Femme, vie, liberté » et encourage les protestataires à chanter leur colère.
Il s’appelle Toomaj Salehi.
Il est iranien.
Il a 33 ans.
Il est rappeur.
Il est résistant.
Il vient d’être condamné à mort pour « corruption sur terre ».
Ils sont français.
Ils sont rappeurs.
Ils sont libres.
Ils se taisent.
Il est des silences impardonnables. pic.twitter.com/X5ezn4DzfY— Rosa Rosam (@intwittoveritas) April 25, 2024
#ToomajSalehi est un rappeur iranien, militant et voix du mouvement Femme, Vie, Liberté. Il a été condamné à mort par les mollahs. Où êtes vous les artistes ? Les politiques ? Pourquoi ce silence assourdissant ? pic.twitter.com/Dh38MkyV7R
— Eric Klein (@EricKLein_) April 26, 2024
« Mon compatriote, c’est toi ma patrie, nous sommes infinis. J’embrasserai la corde de pendaison pour que tu ne sois pas seul. ». Les paroles de la chanson « La corde de pendaison » de #ToomajSalehi prennent un sens tragique après sa condamnation à mort. Extrait. pic.twitter.com/jyrvpNrUfn
— lettres de Teheran (@LettresTeheran) April 26, 2024
Le ministère français des Affaires étrangères condamne
Sur un plan diplomatique, la condamnation de Toomaj Salehi a aussi été dénoncée jeudi 25 avril par la France, l’Italie, et les experts d’un groupe de travail de l’ONU. « La France condamne avec vigueur cette décision qui s’ajoute aux nombreuses autres condamnations à mort et exécutions injustifiables liées aux manifestations de l’automne 2022 en Iran », a indiqué le ministère français des Affaires étrangères dans une déclaration.
Ces condamnations et les « nombreuses autres violations graves et inacceptables des droits et libertés fondamentales commises par les autorités iraniennes, ne peuvent tenir lieu de réponse aux aspirations légitimes de liberté du peuple iranien », a ajouté la diplomatie française.
La condamnation à mort en #Iran de Toomaj Salehi, artiste iranien engagé, est inacceptable. La France condamne avec vigueur cette décision qui s’ajoute aux nombreuses autres condamnations à mort et exécutions injustifiables liées aux manifestations de l’automne 2022 en Iran.… pic.twitter.com/3QeBXSWTxS
— France Diplomatie🇫🇷🇪🇺 (@francediplo) April 25, 2024
À Genève, ce sont une dizaine d’experts indépendants des Nations unies qui ont dénoncé cette condamnation. « Aussi dures que soient les chansons de Toomaj Salehi à l’égard du gouvernement, elles sont une manifestation de la liberté artistique et des droits culturels », ont-ils indiqué dans un communiqué, signé par cinq rapporteurs spéciaux et les cinq membres du Groupe de travail sur la détention arbitraire.
Ils se disent « alarmés par l’imposition de la peine de mort et les mauvais traitements présumés à l’encontre de M. Salehi qui semblent uniquement liés à l’exercice de son droit à la liberté d’expression artistique et à la créativité ». En outre, ont-ils ajouté, « les exécutions à l’issue de procès inéquitables constituent une privation arbitraire de la vie ». Ces experts sont nommés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU mais ne s’expriment pas au nom de l’organisation.
#Iran: Worrying reports of a violent crackdown against women and girls under strict hijab laws. We urge the Government to act to eliminate gender-based discrimination and violence.
We also call on authorities to overturn the death sentence against rapper Toomaj Salehi.— UN Human Rights (@UNHumanRights) April 26, 2024
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