En Iran, mort du président Ebrahim Raïssi : transition, élection... ce qu’il va se passer maintenant dans le pays

L’ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême, a appelé « le peuple iranien » à « ne pas s’inquiéter » car « il n’y aura pas de perturbation dans l’administration du pays ».

IRAN - L’Iran a perdu son président, Ebrahim Raïssi, dans le crash de son hélicoptère, dimanche 19 mai. L’annonce de sa mort a été relayée ce lundi et se pose désormais la question de sa succession au pouvoir.

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En effet, le décès inattendu du « Boucher de Téhéran » ouvre une période d’incertitude politique en Iran, au moment où le Moyen-Orient est secoué par la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, un allié de la République islamique.

Toutefois, l’ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême, a appelé « le peuple iranien » à « ne pas s’inquiéter » car « il n’y aura pas de perturbation dans l’administration du pays ». Ainsi, pour le moment, trois étapes se dessinent dans les événements à venir.

Comme le veut la loi iranienne, en cas de décès du président, c’est le premier vice-président qui doit le remplacer par intérim. L’article 131 de la Constitution de la République islamique indique « qu’en cas de décès, de destitution, de démission, d’absence ou de maladie d’une durée supérieure à deux mois du président, le premier vice-président assumera les pouvoirs du président ». Toutefois, cette transition doit se faire avec « l’approbation du Guide suprême », Ali Khamenei.

Ainsi, c’est Mohammad Mokhber, un homme de l’ombre de 68 ans, qui est temporairement à la tête du pays. Il avait été nommé premier vice-président en août 2021 et a notamment présidé depuis 2007 la Fondation de l’ordre de l’Imam (Setad).

« Conformément à l’article 131 de la Constitution, M. Mokhbar est chargé de diriger le pouvoir exécutif » et il doit, en concertation avec les chefs des pouvoirs législatif et judiciaire, organiser « l’élection d’un nouveau président dans un délai maximum de 50 jours », a indiqué le chef de l’État dans un communiqué.

Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères étant lui aussi décédé dans le crash, c’est le négociateur en chef iranien du dossier du nucléaire, Ali Bagheri, qui a été nommé lundi à la tête de la diplomatie.

L’Iran a décrété lundi cinq jours de deuil pour rendre hommage à son président et aux sept autres victimes du crash, a annoncé le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

« J’annonce cinq jours de deuil public et je présente mes condoléances au cher peuple iranien », a déclaré le plus haut responsable de la République islamique dans un communiqué publié quelques heures après l’annonce de la mort du président.

Le Guide suprême est celui qui détient réellement le pouvoir dans le pays.

Mohammad Mokhber ne va toutefois pas rester plus de 50 jours à la tête du pays, puisque c’est le délai maximal pour organiser une nouvelle élection présidentielle au suffrage universel. Ceci devrait donc arriver d’ici le 1er juillet. Sans cela, la présidentielle aurait dû se dérouler en 2025.

La Constitution prévoit qu’un Conseil « composé du président du Parlement, du chef de la justice et du premier vice-président est tenu d’organiser l’élection d’un nouveau président dans un délai maximum de 50 jours ».

À ce stade, aucun nom ne se dégage comme prétendant pour la présidentielle. Toutefois, selon Bernard Hourcarde, directeur de recherche au CNRS interrogé par Libération, des candidats potentiels se préparaient déjà à la présidentielle de 2025.

On compte parmi eux l’ancien président modéré, Hassan Rohani, le dirigeant du Parlement, Mohammad Ghaliba, Manoutchehr Mottaki, ancien ministre des Affaires étrangères, Mohsen Rezahi, ex-commandant des Gardiens de la révolution, ou encore Mojtaba Zolnouri, député conservateur.

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