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Iran : attaque armée à l'ambassade d'Azerbaïdjan à Téhéran

Un employé de l'ambassade d'Azerbaïdjan à Téhéran a été tué vendredi par un homme armé qui a été arrêté par la police iranienne, celle-ci invoquant des motifs "personnels" de l'assaillant, Bakou dénonçant une attaque "terroriste" contre sa représentation diplomatique.

Mort du "chef de la garde de la mission diplomatique"

Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a annoncé l'évacuation de l'ambassade après cette attaque menée selon lui par un "homme armé d'une Kalachnikov" qui a tué "le chef de la garde de la mission diplomatique".

Deux autres gardiens de l'ambassade ont été blessés par l'assaillant et se trouvent dans un "état satisfaisant", selon la même source.

L'assaillant, un Iranien marié à une Azerbaïdjanaise, "a été arrêté", a indiqué de son côté le chef de la police de Téhéran, le général Hossein Rahimi.

"Lors de l'enquête préliminaire, l'agresseur a évoqué comme motif des problèmes personnels et familiaux", a-t-il précisé à la télévision iranienne.

"Il prétend que son épouse est retenue à l'ambassade depuis neuf mois", a-t-il dit, sans donner davantage de détails.

L'assaillant avait "déposé une plainte à Ourmia (chef-lieu de la province de l'Azerbaïdjan occidental) concernant la disparition de sa femme le 18 avril 2022", a rapporté de son côté l'agence Tasnim.

Condamnant l'attaque, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a également souligné dans un communiqué que, "d'après l'enquête préliminaire, il s'agit de motifs personnels".

Tout comme les ministres iraniens des Affaires étrangères et de l'Intérieur Hossein Amir-Abdollahian et Ahmad Vahidi, selon un communiqué de la diplomatie iranienne.

"Les mesures de sécurité nécessaires ont été prises pour la poursuite des activités normales de l'ambassade et des diplomates de la République d'Azerbaïdjan à Téhéran", ont-ils assuré.

Ilham Aliyev dénonce une "attaque terroriste"

Mais le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a dénoncé une "attaque terroriste".

"Nous réclamons qu'une enquête rapide soit menée et que les terroristes soient punis", a-t-il déclaré sur Twitter, identifiant la victime comme "le premier lieutenant Orkhan Rizvan".

Photo : Vahid Salemi (Copyright 2023 The AP. All rights reserved.)
Un homme montrant les impacts de balles laissés après l'attaque à l'ambassade d'Azerbaïdjan à Téhéran, Iran, vendredi 27 janvier 2023. - Photo : Vahid Salemi (Copyright 2023 The AP. All rights reserved.)

"Toute la responsabilité de l'attaque repose sur l'Iran", a indiqué le porte-parole du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères Ayxan Hacizada aux médias locaux, affirmant qu'une récente campagne anti-azerbaïdjanaise dans la presse iranienne avait "encouragé l'attaque".

Le personnel de l'ambassade est "en train d'être évacué d'Iran", a-t-il indiqué ensuite à la chaîne de télévision turque TRT Haber TV.

Moscou "choquée"

Le général iranien Hossein Rahimi a en outre indiqué que l'assaillant était entré à l'ambassade "avec ses deux jeunes enfants".

Sur des images qui ont fuité de l'ambassade azerbaïdjanaise et largement diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir un homme sortant de sa voiture devant l'ambassade, après être rentré dans un autre véhicule, et se ruer dans le bâtiment.

Aucun enfant n'est visible sur les images.

D'autres images montrent des hommes être attaqués par un autre armé d'un fusil, puis plus tard un corps au sol, recouvert d'un drap.

La diplomatie russe s'est déclarée "choquée" par cette attaque.

"Nous exprimons nos condoléances et notre soutien à nos collègues azerbaïdjanais", a écrit sur Telegram la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

L'Iran, où résident des millions d'Azéris, un groupe ethnique vivant principalement en Azerbaïdjan, en Iran et en Russie, a longtemps accusé son voisin d'attiser un sentiment séparatiste sur son territoire.

Les relations entre Bakou et Téhéran sont traditionnellement délicates, l'Azerbaïdjan turcophone étant un proche allié de la Turquie, une rivale historique de l'Iran.

Téhéran redoute également que le territoire azerbaïdjanais ne soit utilisé pour une éventuelle offensive contre l'Iran par Israël, le principal fournisseur d'armes à Bakou.