En Irak, le calvaire des Yézidis se poursuit

Barzan Jurdo a 29 ans. En août 2014, il a réussi à s’échapper de chez lui, à Sinjar, dans le nord-ouest de l’Irak, foyer historique de la communauté yézidie, lorsque les djihadistes du groupe État islamique (EI, ou Daech) ont attaqué la ville et les villages alentour “en tuant, en kidnappant, en violant, en réduisant en esclavage”.

Neuf ans plus tard, il vit encore dans une tente à l’intérieur d’un camp de réfugiés à Qesirezdin, à 200 kilomètres au nord de Sinjar. Un camp informel abritant quelque 200 familles yézidies qui ont toutes “des histoires d’horreur à raconter”.

Même si Daech a été vaincu en 2017 en Irak, Barzan Jurdo ne peut pas rentrer chez lui, raconte-t-il au site Daraj.

“Notre maison est détruite et nous n’avons pas les moyens de la reconstruire […], mais Sinjar n’est pas sûr non plus, il y a de nombreux groupes armés là-bas.”

Il envisage de quitter l’Irak.

Foyer non sécurisé

Aujourd’hui, “seule une minorité” des habitants yézidis de la région de Sinjar – la ville comptait 70 000 habitants, elle n’en compte plus aujourd’hui que 2 000 – sont rentrés, notamment dans les villages environnants, explique Mirza Dinnayi, un chef de communauté yézidi à Daraj.

“À peine 150 000 des 400 000 habitants d’origine sont rentrés chez eux […]. Cent mille autres ont quitté le pays. Aucun Yézidi, aucun chrétien ne se sent en sécurité, car ils se demandent ce qui se passera si un autre Daech arrive.”

En réalité, l’insécurité est le principal obstacle au retour des Yézidis chez eux. Plusieurs groupes et factions armées se partagent le contrôle de la région de Sinjar, à savoir les clans rivaux kurdes, l’armée irakienne et les milices chiites du Hachd Al-Chaabi. Et ce sans compter la Turquie, qui mène régulièrement des bombardements contre les guérillas kurdes dans ces zones montagneuses.

À cela s’ajoutent le manque de soutien des autorités et la lenteur de la reconstruction. Et le retour, dans la région de Sinjar, d’anciens membres de Daech. Le 28 avril, une manifestation a été organisée par les Yézidis à Sinjar pour protester contre le retour en ville, sous escorte de l’armée irakienne, de plusieurs familles dont les membres avaient rejoint l’organisation islamique.

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