Investir de nouveaux visages aux législatives: le pari risqué d'Éric Zemmour et de Reconquête

Eric Zemmour le 7 avril 2022 au Palais des Sports à Paris - Bertrand Guay/AFP
Eric Zemmour le 7 avril 2022 au Palais des Sports à Paris - Bertrand Guay/AFP

"Nous devons être le parti de la transmission. Je veux former une prochaine génération", confiait Éric Zemmour le 2 mai dernier sur BFMTV. Depuis sa large défaite à la présidentielle, le patron de Reconquête cherche à se relancer en s'appuyant sur son mouvement politique qui fait émerger une série de nouveaux visages pour les législatives. Un choix politique périlleux.

Retour à la dernière ligne droite de la présidentielle le 7 avril. Alors que sa campagne patine et qu'il est désormais au-coude-à-coude avec Valérie Pécresse, le candidat monte un meeting consacré à la jeunesse, avec un vrai succès: environ 4500 jeunes sont présents, souvent avec le tee-shirt floqué du visage de leur star, casquette 'Ben voyons' vissée sur la tête.

"Le savoir-faire" de la jeunesse

"Les gens qui ont organisé le Trocadéro avaient 25 ans maximum. On a réussi à faire un magnifique meeting. Il nous a redonné la chance de montrer à nouveau notre savoir-faire ce jour-là", s'enthousiasme Stanislas Rigault, le président de Génération Z, auprès de BFMTV.com.

De quoi donner des idées à Reconquête qui a investi "entre 25 et 30%" de candidats de moins de 30 ans, d'après son fidèle lieutenant.

"On est les premiers concernés par l'insécurité quand on sort le soir, par le wokisme à l'université, c'est pour nous qu'il se bat", lance Cécile Scheffen, candidate dans la 2ème circonscription de Loire-Atlantique, 23 ans au compteur, pour expliquer sa candidature.

Les figures nationales ont dit "non" à la bataille des législatives

Ces figures du nouveau parti ont d'ailleurs déjà appris de leurs aînés. Pour son premier déplacement de campagne, l'étudiante en dernière année d'école de commerce s'est rendue à l'inauguration d'une chapelle aux côtés de Philippe de Villiers.

Toujours est-il qu'aucune tête d'affiche, à l'exception d'Éric Zemmour qui présente finalement sa candidature dans le Var, après bien des hésitations, n'a accepté de prendre le risque de perdre.

Nicolas Bay, Gilbert Collard et Marion Maréchal ont tous refusé d'aller au combat. De quoi expliquer que le parti, en manque de ressources humaines, décide de se tourner vers de nouveaux profils.

"La défaite d'un inconnu, pas de grande force"

"Bien sûr qu'on aurait aimé avoir des poids lourds. Mais on ne force la main de personne. Et puis, c'est vrai qu'une défaite d'un inconnu, ça n'a pas de grande force médiatique", reconnaît un référent local de Reconquête auprès de BFMTV.com.

Bien conscients de ce handicap, les cadres du parti ont donc poussé Marion Maréchal à être suppléante de Stanislas Rigault, dans le Vaucluse. Il faut dire que la nièce de Marine Le Pen était députée de 2012 à 2017 dans la circonscription voisine et que le jeune homme est l'un des rares à avoir une chance de l'emporter.

"Ce n'est pas au niveau de Marion", a cependant cinglé l'ancienne candidate du RN sur BFMTV le 19 mai dernier.

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Des désistements de candidats plus âgés

Les profils plus jeunes seraient également plus pugnaces, assure de son côté Gilbert Payet, l'un des conseillers du patron de Reconquête.

"On a des gens plus âgés qui se sont désistés face aux contraintes. Les papiers à remplir pour la préfecture, l'autonomie totale financière des candidats même si on leur a dit qu'on les aiderait... Certains se découragent. La jeunesse, elle, s'accroche et elle est très courageuse", explique le proche de l'ex candidat à BFMTV.com.

L'explication laisse dubitatif sur les bancs du Rassemblement national qui a fermé la porte à tous les appels du pied du récent mouvement qui, lui, espérait une alliance pour les législatives. Parmi les proches de Marine Le Pen, on table plutôt sur l'éventuel échec à l'Assemblée nationale de son ancien concurrent.

Jordan Bardella en modèle

"On envoie quand même des personnes sorties de l'adolescence au casse-pipe médiatique, dans des débats parfois vraiment compliqués avec leurs adversaires... Mais il y a un côté 'je vois qui tient dans l'adversité, qui a les crocs' qui plaît à Zemmour parce qu'il y a toujours des personnes très douées dans le lot", analyse de son côté un ancien membre de la campagne.

Pour donner des forces à leurs troupes, le patron de Reconquête et Marion Maréchal ont distillé leurs conseils aux candidats le 7 mai dernier lors d'une journée à Paris. De quoi y croire pour les jeunes candidats.

"Sur les dix dernières années, le Rassemblement national a envoyé deux jeunes très prometteurs prendre la lumière à qui on promettait l'enfer: Marion Maréchal et Jordan Bardella. Ça paie de faire confiance aux moins de 30 ans", juge d'ailleurs Stanislas Rigault.

Dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express, Reconquête récolte 5% des voix au premier tour des législatives.

Article original publié sur BFMTV.com