Invectives et obstruction: journée tendue à l'Assemblée en marge de la mobilisation sur les retraites

Après un coup d'envoi lundi en commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, les débats autour de la réforme des retraites ont de nouveau été très tendus ce mardi dans l'enceinte du Palais-Bourbon. Le texte, qui sera débattu dans l'hémicycle à partir du 6 février, continue d'électriser les discussions les parlementaires qui n'arrivent pas à trouver de compromis, alors que la mobilisation syndicale a rassemblé entre 1 et 2,272 millions de manifestants selon les sources.

• La Conférence des présidents donne la primeur au RN

Les députés de gauche ont dénoncé toute la journée la décision de Renaissance qui, en Conférence des présidents, a donné, après tirage au sort, la primeur au RN: c'est la motion référendaire du Rassemblement national qui sera examinée, et non celle de la Nupes.

Un "choix absolument scandaleux", critique André Chassaigne, patron des députés communistes, qui souligne que les élus de gauche ont déposé leur motion plus tôt et avec plus de signataires.

Le choix est symbolique, mais pourrait avoir d'importantes conséquences. Jamais les députés Nupes n'ont voté une motion de censure du RN, tandis que les élus d'extrême-droite ont déjà apporté leurs voix à celles de la gauche. Sur BFMTV, François Ruffin a cependant assuré que "deux motions supplémentaires" seront prochainement déposées par la Nupes: "l'histoire n'est pas terminée".

Dans le même temps, devant les députés Renaissance, Modem et Horizons, Élisabeth Borne a reproché aux oppositions d'être dans "le déni"

• Passes d'armes lors des questions au gouvernement

La députée LFI Aurélie Trouvé a sévèrement tancé Olivier Dussopt pendant les questions au gouvernement cet après-midi.

"Par votre acharnement, vous produisez le chaos. C’est vous et vous seuls qui êtes responsable du blocage. Vous êtes seuls et nous sommes des millions", a dénoncé l'insoumise dans l'hémicycle.

Quelques minutes plus tôt, Oivier Dussopt, ministre du Travail, accusait l'écologiste Sandrine Rousseau de se faire "l’écho de la désinformation et des fake news sur le système des retraites."

• "Vous méprisez les gens": colère de Rachel Kéké en commission

Mais ce sont bien les discussions en commission des affaires sociales qui illustrent l'ampleur de la fracture entre les députés. La députée LFI Rachel Kéké a fustigé le "mépris" de certains parlementaires, lors d'un débat sur l'emploi des seniors. "Vous avez déjà fait 40 lits?", a-t-elle interrogé. "Vous savez ce qu’on appelle dresser un lit? Vous avez déjà poussé un chariot?"

"Non, vous ne l’avez jamais fait, c’est pour ça que vous méprisez les gens. (…) Vous n’avez jamais travaillé dans un hôtel, ni dans le bâtiment, ni en tant qu’agent de sécurité", a-t-elle martelé.

La présidente de la commission des Affaires sociales, la députée Renaissance Fadila Khattabi, l'a ensuite coupée. "Madame Kéké, personne ne méprise personne", a-t-elle objecté.

• La Nupes assume son "obstruction", le texte bloqué à l'article 2

Plus que le report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, c'est l'emploi des seniors qui a occupé les parlementaires en commission toute la journée. Notamment en raison de la Nupes qui, en déposant des milliers d'amendements, ralentit considérablement le texte.

Et les députés de gauche ont été critiqués par les élus macronistes. "Au lieu de faire de l'argumentation, on fait de l'opposition stérile", a dénoncé Nicolas Turquois, député MoDem. "Qu'est-ce qu'on perd comme temps ici" a même lancé l'élu Renaissance Éric Alauzet.

Ils ont aussi été interpellés par leurs collègues du RN. "On ne comprend pas l'obstruction que vous faites (...) la majorité de rejet est possible", a déploré Laure Lavalette. "24 heures après on en est toujours au même point", a abondé Sébastien Chenu.

"Si vous voulez gagner du temps, moi j'ai une proposition à vous faire: retirez le projet de loi", répondait quelques minutes plus tôt le député LFI Antoine Léaumant.

"On fait de l'obstruction sur le fond des articles les plus libéraux, précisément pour les arrêter et faire en sorte que cette réforme soit différente", argumentait aussi Sandrine Rousseau.

Il reste seulement quelques heures, jusqu'à ce mercredi soir, pour l'examen du texte en commission des affaires sociales. Les débats pourront-ils avoir lieu? "Je suis pessimiste et c'est la Nupes qui en portera la responsabilité", a déploré Marine Le Pen, présidente du groupe RN.

Article original publié sur BFMTV.com