Invasion du Congrès au Brésil : ces élus accusent la police d’avoir laissé les bolsonaristes entrer

Sur cette image, des policiers brésiliens observent la marée humaine pro-Bolsonaro s’introduire dans les principaux lieux de pouvoir du Brésil, sans grande inquiétude apparente.
Capture d’écran Twitter Sur cette image, des policiers brésiliens observent la marée humaine pro-Bolsonaro s’introduire dans les principaux lieux de pouvoir du Brésil, sans grande inquiétude apparente.

BRÉSIL - Les premières têtes commencent à tomber après l’invasion des principaux de lieux de pouvoir de Brasilia par des pro-Bolsonaro. Ce dimanche 8 janvier, des centaines de manifestants aux couleurs du Brésil se sont introduits avec violence et sans grande difficulté apparente dans le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême.

Face au chaos ambiant près de la Place des trois pouvoirs, plusieurs députés brésiliens ont mis en doute le travail des services de sécurité et de la police fédérale, les accusant de complicité avec les manifestants. Les membres du gouvernement de la région de Brasilia ont également été mis en cause pour leur inaction.

Et très rapidement, la situation a d’ailleurs contraint le gouverneur de la région de Brasilia, Ibaneis Rocha, à annoncer le limogeage d’Anderson Torres, ministre de l’intérieur (appelé secrétaire à la Sécurité Publique), et qu’il avait désormais mobilisé toutes les forces de police nécessaires pour rétablir l’ordre sur place. Tous deux ont été des alliés politiques de Jair Bolsonaro.

Le gouvernement du District fédéral dans le viseur

La présidente du parti politique du président brésilien Lula, Gleisi Hoffmann a, elle, directement ciblé le gouvernement du District fédéral (DF), le territoire où se trouve la capitale fédérale, Brasilia. « Le gouvernement DF a été irresponsable face à l’invasion de Brasilia et du Congrès national », a-t-elle écrit sur Twitter, ajoutant que « le gouverneur et son secrétaire à la sécurité, bolsonariste, sont responsables de ce qui se passe ».

Autre membre du Parti des travailleurs, le député Jorge Solla a lui aussi montré du doigt le gouverneur Ibaneis Rocha, tout comme son désormais ex-secrétaire à la Sécurité Publique. « La responsabilité du gouverneur Ibaneis Rocha, du District fédéral, est incontestable. Les renseignements fédéraux étaient au courant de la menace et ont alerté le GDF, qui a assuré qu’il prendrait des mesures et ne l’a pas fait. Au lieu de cela, des images apparaissent de tous les côtés de la police aidant les manifestants », écrit-il, promettant que « celui qui est en faute paiera ».

Anderson Torres avait fait savoir sur ces réseaux sociaux ce dimanche qu’il avait ordonné « des mesures immédiates pour rétablir l’ordre dans le centre de Brasília », évoquant des « scènes regrettables ».

« J’ai demandé que tous les membres de la police militaire et de la police civile agissent avec fermeté afin que l’ordre soit rétabli de toute urgence », avait encore écrit l’ancien ministre de la justice et de la sécurité publique de Jair Bolsonaro.

Le laxisme des forces de sécurité

Si la zone où se côtoient le Palais présidentiel de Planalto, la Cour suprême et le Congrès, avait pourtant été bouclée par les autorités, les bolsonaristes sont quand même parvenus à rompre les cordons de sécurité. Les policiers, qui semblaient complètement débordés, ont tenté, en vain, de les repousser avec du gaz lacrymogène.

Ces derniers ont d’ailleurs été mis en cause par de nombreux autres élus sur les réseaux sociaux, les accusant d’être de mèche avec la marée humaine pro-Boslonaro.

Pour André Janones, député centriste du mouvement En Avant, il est inimaginable qu’une invasion pareille soit possible sans une aide extérieure, témoignant de l’important dispositif généralement en vigueur sur ces lieux. « Ceux qui ne se rendent pas quotidiennement au congrès ignorent la difficulté d’accès. Quand j’y emmène un membre de ma famille, l’entrée est très bureaucratique, à cause de la sécurité. Les bandits ne sont pas seulement dans la rue, ils sont infiltrés au PM et dans la police législative. Ils seront tenus responsables ! ».

Andréa Werner, député du parti socialiste brésilien se montre moins directe mais tout aussi loquace à propos de la manière d’agir des forces de l’ordre en déclarant que « Les balles en caoutchouc et les matraques sont réservées aux enseignants ».

Certaines images semblent même montrer des membres de la sécurité des lieux prendre en photos les événements et discuter avec certains manifestants, comme en témoigne une journaliste de Globo.

Face à ces images, le chef du gouvernement Lula au Congrès national, Randolfe Rodrigues, a annoncé que deux « requêtes » avaient d’ores et déjà été déposées auprès d’Alexandre de Moraes, juge du Tribunal suprême fédéral.

L’une pour « extension de l’enquête sur les actes antidémocratiques sur la base des événements d’aujourd’hui » et l’autre pour « empêchement de possession et, en cas de possession, renvoi d’Anderson Torres », secrétaire à la Sécurité Publique du Discrit fédéral.

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