INTERVIEW. "La météo répond à un besoin de confort"

Soucieux d'anticiper les aléas, nous prêtons aux prévisions une attention croissante... qui peut frôler l'addiction.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°216 daté avril/ juin 2024.

Martin de la Soudière est ethnologue à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.

Sciences et Avenir - Les Indispensables : Selon une étude britannique, les Anglais passeraient 49 heures par an, soit près de 10 minutes par jour, à parler de la météo. Davantage que de travail ou de sport. Comment interpréter ces chiffres ?

Martin de la Soudière : C'est un sujet universel et consensuel, et qui facilite les interactions humaines. Alors qu'il est réputé futile ou sans intérêt, il revêt en réalité un rôle social important. Car les discussions sur le temps qu'il fait nous servent à entrer en contact avec autrui et à prendre conscience que nous partageons des préoccupations, voire des émotions, communes.

Pourtant, connaître les prévisions n'est pas indispensable à la vie urbaine de la majorité d'entre nous ...

Les humains ont toujours prêté une attention particulière à la météo, mais les enjeux ne sont plus les mêmes. Autrefois, la survie des paysans et de la population en dépendait. Plusieurs semaines de pluie ou de sécheresse pouvaient mettre à mal les productions agricoles. Aujourd'hui, connaître la météo répond à un besoin de confort, c'est un luxe que l'on se permet et que notre société hyper-connectée ne fait que renforcer.

"Nous supportons de moins en moins les aléas"

Les applications mobiles permettent aujourd'hui de consulter les prévisions à tout moment. Est-ce une façon de se rassurer ?

Il est évident que de manière générale, nous supportons de moins en moins les aléas. Avant de réserver un hôtel ou un restaurant, nous consultons sur Internet les avis exprimés par d'autres. Et nous souscrivons une assurance au cas où notre train serait annulé ou notre voiture tomberait en panne…

Il en va de même pour les risques météorologiques. Mais, par nature, la météo est imprévisible ! Comme nous voulons nous prémunir de cet aléa, notre attention au temps qu'il fait [...]

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