Interdiction de l'abaya à l'école: trois mois de prison avec sursis pour un parent qui a menacé un proviseur
Un père de famille accusé d'avoir menacé de mort un proviseur après l'interdiction faite à sa fille d'aller en cours dans une tenue assimilée à une abaya a été condamné à trois mois de prison avec sursis, jeudi à Clermont-Ferrand.
La peine de ce Franco-Turc de 44 ans "parfaitement inséré" depuis son arrivée en France il y a plus de trois décennies, comme l'a rappelé la présidente du tribunal correctionnel à l'ouverture des débats, a été assortie d'un stage de citoyenneté.
Ce père de famille était accusé d'avoir téléphoné début septembre au lycée Ambroise-Brugière en menaçant de "couper la tête" du chef d'établissement, furieux que sa fille de 16 ans ait par trois fois été refoulée en raison de sa tenue vestimentaire, non conforme aux circulaires publiées par le ministère de l'Education à la rentrée 2023 au nom de la laïcité.
"Il y en a qui cherche à se faire égorger", avait-il dit à l'agent d'accueil.
Une peine en deçà des réquisitions du parquet
Le prévenu, qui s'est décrit comme un homme habituellement calme, a démenti avoir prononcé ces menaces. "Je m'excuse des mots que j'ai employés et ça ne se reproduira plus jamais (...). J'ai toujours respecté les lois de la République et je les respecterai", a-t-il promis.
L'accusation avait requis six mois de prison avec sursis, soulignant que ces "propos graves", tenus "sous la colère dans le but de convaincre le proviseur de changer de décision", relevaient de la menace et de l'intimidation sur une personne chargée de mission publique, passibles de sanctions pénales.
L'avocat de la défense, Jean-Louis Borie, avait plaidé la relaxe de son client: "on n'est pas là pour faire un exemple", a-t-il dit, en évoquant un incident "monté en épingle par les chaînes d'infos en continu".
Une peine avec sursis pour "se tenir tranquille"
Survenue à l'époque de la rentrée, l'affaire avait suscité une cascade de réactions politiques, à commencer par celle du ministre de l'Education, Gabriel Attal, de passage dans la région.
"Un stage de citoyenneté lui permettra de comprendre ce qu'est une République laïque", a commenté Me Jean-Paul Guinot, l'avocat du proviseur, en estimant qu'une peine avec sursis, "épée de Damoclès au-dessus de sa tête", l'inciterait à "se tenir tranquille".
Isabelle Ferret, la présidente du tribunal correctionnel, avait souhaité en préambule que "l'audience permette d'apaiser les tensions".
"Le débat politique concernant l'abaya n'a aucune raison d'être dans cette juridiction car les juges sont censés appliquer la loi... On va laisser à cette affaire l'importance qu'elle mérite", a-t-elle dit.