Interdiction de l’abaya à l’école : pourquoi Manuel Bompard veut proposer à La France insoumise de saisir le Conseil d’État

Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a annoncé mardi 29 août son intention de saisir le Conseil d’Etat sur l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires.
Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a annoncé mardi 29 août son intention de saisir le Conseil d’Etat sur l’interdiction de l’abaya dans les établissements scolaires.

POLITIQUE - L’annonce n’est pas une surprise. Le coordinateur de La France Insoumise, Manuel Bompard déclare ce mardi 29 août qu’il va proposer à son groupe de saisir le Conseil d’État sur l’interdiction de l’abaya dans les classes. Il dénonce la décision « cruelle » du ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, de prohiber le port de ce vêtement traditionnel dans les établissements scolaires dès le 4 septembre.

« Je proposerai à notre groupe parlementaire d’attaquer au Conseil d’État cette réglementation parce que je pense qu’elle va être contraire à la Constitution, qu’à mon avis elle est dangereuse, elle est cruelle », a déclaré sur France 2 le député des Bouches-du-Rhône.

« On ouvre une boîte de Pandore »

Selon lui, cette interdiction va « se traduire par encore une fois des discriminations à l’égard des jeunes femmes et en particulier des jeunes femmes de confession musulmane et je pense qu’on n’a pas besoin de ça dans notre pays ». « Quand on commence à réglementer les tenues, en particulier les tenues des femmes, on ouvre une boîte de Pandore de laquelle on ne sortira pas », a-t-il encore mis en garde.

« Les autorités religieuses du culte musulman disent que les abayas ne sont pas une tenue religieuse et donc moi, je suis attaché à la défense de la laïcité, (...) je ne vois pas pourquoi il faudrait l’interdire », a-t-il argumenté, en soulignant attendre « autre chose du ministre de l’Éducation nationale que d’aller agiter les peurs et les fantasmes ».

L’abaya, une longue robe traditionnelle couvrant le corps, que le gouvernement a décidé d’interdire à l’école en promettant des « règles claires au niveau national », est le nouveau symbole des frictions à gauche, des élus du PS et du PCF l’approuvant notamment au nom du principe de laïcité, LFI dénonçant une décision islamophobe et les écologistes une « stigmatisation ».

« Remise en question de la loi de 2004 »

« Il y a un risque, à travers les mots qu’ils (LFI, NDLR) utilisent là, à remettre en question la loi de 2004, et ça, ce serait désastreux » , a averti sur franceinfo le député PS de l’Essonne Jérôme Guedj à propos de la position des Insoumis et des écologistes.

Le texte de 2004, qui proscrit les signes religieux ostensibles à l’école, avait à l’époque permis « d’apaiser, de pacifier les situations », et ce, « sans difficulté majeure » d’après Jérôme Guedj, très attaché à l’école comme « un espace de neutralité, de construction du libre-arbitre et du jugement pour émanciper les jeunes en formation ».

Au PS, qui avait voté à la quasi-unanimité le texte de 2004, ni le chef du parti, Olivier Faure, ni le patron des députés, Boris Vallaud, n’ont pour l’instant commenté la décision de Gabriel Attal.

Décision saluée par LR et le RN

« Il y a ceux qui saisissent le Conseil d’Etat, et il y a ceux qui prennent des mesures de bon sens pour protéger la laïcité », a tâclé Olivia Grégoire, ministre déléguée aux PME et au Commerce dans la matinale d’Europe 1 ce mardi. « Ce ne sont pas les meilleurs alliés (LFI NDLR), ni les meilleurs amis de la laïcité », a encore estimé la membre du parti Renaissance.

L’interdiction de l’abaya à l’école est applaudie par Les Républicains et le Rassemblement national. Sur BFMTV ce mardi 29 août, le président des Républicains, Éric Ciotti a réagi aux propos de Manuel Bompard : « les complices du communautarisme vont être à la manœuvre (...) On ne peut pas montrer aux autres ses appartenances religieuses », a-t-il estimé dans l’extrait ci-dessous.

« Nous avions réclamé à plusieurs reprises l’interdiction des abayas dans nos écoles. Je salue la décision du ministre de l’Éducation nationale qui nous donne raison », avait précédemment déclaré le député des Alpes-Maritimes sur Twitter.

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