Intégrer le CSeries de Bombardier, un "pari" pour Airbus

par Johanna Decorse

TOULOUSE (Reuters) - L'intégration du programmes d'avions régionaux CSeries du canadien Bombardier constitue un "pari" pour Airbus, a déclaré mardi le directeur des achats de l'avionneur européen.

Airbus a annoncé en octobre 2017 un projet de prise de contrôle du CSeries, permettant à l'avionneur européen d'étendre sa gamme et au canadien de relancer le programme d'avions de 110-130 sièges, qui avait pâti d'un conflit commercial avec les Etats-Unis.

"On va avoir en premier à vendre l'avion, pour retravailler avec les fournisseurs les coûts du programme, car aujourd'hui il y a un écart", a déclaré à la presse Klaus Richter, directeur des achats d'Airbus.

"La montée du programme et l'industrialisation vont aider beaucoup", a-t-il ajouté à l'occasion d'une visite chez Airbus à Toulouse du Premier ministre du Québec Philippe Couillard qui a annoncé un "congrès de fournisseurs d'Airbus" en octobre à Montréal.

La transaction devrait être bouclée cet été, a précisé le président exécutif d'Airbus Tom Enders.

"C'est la seule issue pour avoir un avenir viable pour la Série C", a déclaré Philippe Couillard. "Cela va permettre de donner un horizon de plusieurs milliers d'appareils plutôt qu'un horizon excessivement incertain".

L'avionneur européen va devoir par ailleurs détailler mercredi aux représentants du personnel les conséquences éventuelles sur les effectifs des réductions de cadence prévues pour le très gros porteur A380 et l'avion de transport militaire A400M lors d'un comité d'entreprise européen.

Le magazine Challenges avait écrit vendredi sur son site internet qu'Airbus envisageait de déplacer ou de supprimer 3.600 postes au sein du groupe.

"Il n'y aura pas nécessairement de suppressions de postes. On peut jouer sur les montées de programmes par rapport aux baisses prévues à partir de 2020, sur des départs à la retraite et sur la mobilité au sein du groupe", a dit un porte-parole d'Airbus.

L'avionneur, qui totalisait un total de 317 commandes pour l'A380 au 31 janvier, compte en livrer 12 en 2018 et huit en 2019. La cadence devrait passer à six appareils à partir de 2020, un "minimum pour donner dix années de production", a expliqué le porte-parole.

L'A400M, à l'origine d'une nouvelle charge de 1,3 milliard d'euros sur les comptes 2017 annoncée mi-février verra sa cadence de production ramenée à huit appareils par an dès 2020, soit son rythme de 2014, après 11 en 2015, 17 en 2016 et 19 en 2017.

Airbus a conclu début février un accord avec les pays de l'Otan qui ont commandé des A400M (Allemagne, France, Royaume-Uni, Espagne, Turquie, Belgique, Luxembourg) concernant de nouveaux retards dans le développement de l'appareil.

(Avec Cyril Altmeyer à Paris, édité par Jean-Michel Bélot)