Instaurer un congé menstruel dans la loi : on vous explique pourquoi ça coince

POLITIQUE - Et si les règles douloureuses faisaient l’objet d’une loi ? L’idée d’instaurer un congé menstruel revient régulièrement dans le débat politique et plus des deux tiers des Françaises y sont favorables. Plusieurs propositions de loi ont été étudiées à l’Assemblée ou au Sénat, sans compter qu’elles ont été initiées par différents groupes, voire ont fait l’objet d’une approche transpartisane. Dans ce cas, pourquoi ça coince ?

Le congé menstruel, une fausse bonne idée ?

Comme on vous l’explique dans notre vidéo en tête d’article, il n’y a pas qu’une seule possibilité pour légiférer sur la question. Mais spoiler : aucune de ces trois solutions ne fait l’unanimité.

Les deux premières consistent à reconnaître l’endométriose comme affection de longue durée (ALD) ou que les personnes qui en souffrent puissent bénéficier de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Cela a été défendu à l’Assemblée par les insoumis et le Rassemblement national.

65 % des salariées disent avoir eu des difficultés au travail

Un amendement de la députée LFI Clémentine Autain avait même été adopté à l’Assemblée en 2022. Mais le gouvernement n’a jamais pris le décret pour le mettre en œuvre. Car certaines personnes peuvent déjà en bénéficier. Sauf que les démarches sont très longues et complexes et ça n’est possible que pour les cas les plus graves. Ce qui fait que sur les 1,5 à 2,5 millions de malades, seules 15 000 ont obtenu le statut d’ALD.

D’autant plus qu’il n’y a pas que l’endométriose. Dans un sondage Ifop de 2022, plus d’une 1 salariée sur 2 dit avoir des règles douloureuses (53 %) et avoir déjà été confrontée à des difficultés liées aux règles au travail (65 %).

Trois arguments contre le congé menstruel

C’est pourquoi certains plaident pour une autre solution : le congé menstruel. Actuellement, une femme qui se fait prescrire un arrêt de travail pour règles douloureuses doit revenir à chaque fois chez son médecin. Et un délai de carence s’applique c’est-à-dire qu’elle n’est pas payée sur les premiers jours, ce qui représente une perte de salaire. Les partisans de l’arrêt de travail proposent donc de déroger à ces principes.

Ceux qui s’opposent à l’arrêt menstruel craignent que la mesure ne désorganise les entreprises, qu’elle mette à mal le secret médical ou encore qu’elle ne soit qu’une source supplémentaire de discrimination à l’embauche. En l’état, le gouvernement s’oppose à une telle mesure et renvoie au dialogue social.

Pour les associations, si parler de congé menstruel et tenter d’adapter le monde du travail est une bonne chose, cela reste insuffisant. Elles demandent qu’un effort soit fait pour investir davantage dans la recherche sur la santé des femmes. Et d’espérer qu’avec la découverte de traitements, la question d’un arrêt spécifique n’ait plus à se poser.

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