Insectes : aux sources de leur vertigineux déclin

Destruction des habitats, pesticides, changement climatique… Les insectes sont soumis à une épreuve d'autant plus rude qu'ils sont aussi menacés par l'arrivée d'espèces invasives. Les programmes de science participative se multiplient pour prévenir la disparition de ces gardiens de la biodiversité.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°919, daté septembre 2023.

Une chute de 76 % de la biomasse d’insectes volants en vingt-sept ans : telle est l’estimation de la Société d’entomologie de Krefeld, en Allemagne, dans une étude publiée en 2017 dans la revue scientifique Plos One, et aujourd’hui considérée comme une référence. Ses résultats sont si accablants qu’ils ont suscité de nombreuses autres recherches et publications pour vérifier l’ampleur du déclin.

En 2019, une autre étude allemande, dirigée par Sebastian Seibold de l’Université technique de Munich, a ainsi conclu qu’entre 2008 et 2017, les prairies allemandes avaient perdu en moyenne les deux tiers de leur biomasse d’arthropodes (insectes, araignées, cloportes…) et les forêts avaient vu cette même biomasse diminuer de 40 %. D’autres études menées en Europe ont abouti au même constat. De l'autre côté de l'Atlantique, l'entomologiste américain Bradford C. Lister, qui avait échantillonné les insectes présents dans la forêt de Luquillo à Porto Rico en 1976 et 1977, a constaté pour sa part une diminution allant de 75 à 98 % de la biomasse d'insectes et araignées capturés entre 2011 et 2013.

Pour l'Afrique, l'Amérique du Sud, l'Asie ou encore l'Océanie, des zones très riches en insectes, les connaissances demeurent lacunaires. "Il n'y a pas de raison de penser que cela se passe mieux ailleurs, mais sans preuve on ne peut pas affirmer que le déclin des insectes est généralisé à l'échelle de la planète, admet Colin Fontaine, chercheur au Centre d'écologie et des sciences de la conservation du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris. En revanche, les signes d'un déclin fort et touchant une majorité d'espèces sont nets partout où l'on a des données. "

"Cela ne veut pas dire que certains taxons, à l'inverse, ne vont pas augmenter, souligne Cécile Le Lann, maître de conférences et écologue au sein du laboratoire Ecobio de l'Université de Rennes. Il en est ainsi de certaines espè[...]

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