Dupond-Moretti dénonce une "vision mensongère" de l'insécurité: "la délinquance des mineurs n'a pas augmenté depuis 10 ans"

Eric Dupond-Moretti à Dijon.  - BFMTV
Eric Dupond-Moretti à Dijon. - BFMTV

Eric Dupond-Moretti se déplaçait ce mercredi à Dijon afin de rencontrer des élus bourguignons et d'évoquer avec eux le thème des violences et des incivilités. En chemin, alors que depuis la veille ses détracteurs lui reprochent d'avoir employé l'expression de "sentiment d'insécurité" sur Europe 1, l'accusant de réduire le phénomène à une simple impression, il s'est défendu devant les journalistes: "Moi j’entends rétablir un certain nombre de vérités et elles me paraissent essentielles, on ne peut pas ne raisonner que dans la surenchère permanente."

"Un mal de chien"

Il a développé: "Je trouve que ça fait un mal de chien à notre société. Elle a besoin qu’on lui dise la vérité, qu’on lui donne les vrais chiffres, elle a besoin d’apaisement. J’entends continuer ce discours." Il a également illustré son propos:

"Quelques chiffres: la délinquance des mineurs dont on parle très souvent par exemple. Quand on a les chiffres de la délinquance des mineurs, elle n’a pas augmenté depuis 10 ans. Demandez aux Français ce qu’ils pensent de ça. La plupart sont convaincus qu’il y a une augmentation massive de la délinquance des mineurs. C’est pas vrai". "Il faut être sérieux, il ne faut pas raconter d’histoires aux Français. La rémission des crimes, ça n’existe pas. Il y en aura toujours, on le sait", a-t-il encore insisté.

Dupond-Moretti dénonce une "vision mensongère"

Se tournant à nouveau vers la presse plus tard, il a fait valoir:

"Le taux de réponse pénale dans notre pays, c’est 90%. Le taux d’exécution des peines prononcées, c’est 92%. Quand j’entends que les peines prononcées ne sont jamais exécutées, quand j’entends que la justice ne donne pas de réponse pénale, que la délinquance des mineurs augmente, je me dis qu’il faut remettre les choses à leur place et dire la vérité." "Bien sûr que tout ne va pas bien mais pour améliorer la situation (…) il ne faut pas avoir une vision mensongère de la réalité", a averti le ministre de la Justice.

Un ministre excédé

Bien entendu, sa mention d'un "sentiment d'insécurité" n'est pas la seule phrase à être ressortie de son intervention sur les ondes radiophaniques la veille: ses divergences de vue avec Gérald Darmanin, dont il réprouve l'emploi du terme d'"ensauvagement", agitent aussi les médias. Après que la question a été à nouveau abordée, Eric Dupond-Moretti est cependant apparu excédé:

"Vous allez me poser la question combien de fois? J’ai dit que nous avions des sensibilités différentes, que nous n’avions pas les mêmes fonctions… Qu’est-ce qu’il faut que je fasse de plus? C’est extraordinaire comme on ne retient parfois d’une communication, un peu atypique par les temps qui courent, le petit truc pour faire le buzz. Je pense qu’il faut passer à un autre sujet."

Article original publié sur BFMTV.com