Des « inondations du siècle » frappent la Chine, et ce n’est peut-être que le début

Reuters/Youtube
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INONDATIONS - Les images sont impressionnantes. Depuis plus de 48 heures, le sud de la Chine fait face à de graves inondations. Leur ampleur est telle que l’on parle d’un évènement qui n’arrive qu’une fois par siècle. Depuis jeudi, des pluies torrentielles inondent la province de Guangdong, la plus peuplée avec ses 127 millions d’habitants et la plus prospère économiquement avec sa capitale Canton, ville portuaire au nord-est de Hong Kong.

Actuellement, elle est sous les eaux alors que toute la zone a été placée en alerte rouge ce mardi 23 avril. Quatre personnes sont décédées et dix autres sont toujours portées disparues dans la province de Guangdong, selon China news. Pour l’instant, environ 110 000 habitants ont été relogés alors que la région est totalement à l’arrêt.

Et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle. Le 18 avril dernier, une étude parue dans la revue Science faisait un constat inquiétant sur l’état des villes en Chine. « Environ 40 % des terres subissent un affaissement classé de modéré à grave, ce qui accroît le risque d’inondation pour une grande population » peut-on lire en introduction.

Près de la moitié des villes chinoises menacées

Cela veut dire que le sol se dérobe sous de nombreuses villes chinoises. Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont examiné 82 villes de plus de 2 millions d’habitants au moyen de satellites ; ils permettent de mesurer les mouvements verticaux des terres dans tout le pays.

« Parmi les terrains urbains examinés, 45 % s’affaissent plus rapidement que 3 millimètres par an, et 16 % s’affaissent plus rapidement que 10 millimètres par an, touchant respectivement 29 et 7 % de la population urbaine » affirment les chercheurs. Ce déclin est le fruit de plusieurs facteurs naturels comme la géologie mais aussi humains comme le poids des bâtiments.

Mais selon les auteurs de l’étude, le plus gros problème est la perte des eaux souterraines, comme les nappes phréatiques. Ils ont en effet pu associer l’extraction de l’eau de plus de 1 600 puits et des niveaux croissants d’affaissement. À cause de l’urbanisation rapide de ces régions, davantage d’eau est prélevée pour répondre aux besoins de la population.

« En Chine, de nombreuses personnes vivent dans des zones qui ont été sédimentées assez récemment, du point de vue géologique. Ainsi, lorsque vous retirez les eaux souterraines ou que vous drainez les sols, elles ont tendance à s’affaisser », expliquent les chercheurs.

L’ombre du changement climatique

Dans les villes côtières, cet affaissement fait peser sur des millions de personnes la menace d’inondations à mesure que le niveau de la mer monte. D’ici 2120, plus d’un cinquième des terres côtières chinoises seront sous le niveau de la mer. Un problème alors que ces régions abritent 10 % de la population vivant sur les littoraux chinois.

Pour les auteurs de l’étude, le risque d’inondation est une vraie épée de Damoclès qui va s’installer au-dessus des populations urbaines. Car en plus de l’augmentation du niveau de la mer, il y a une intensification des événements extrêmes à cause du réchauffement climatique explique le Giec. Les pluies torrentielles qui ont frappé le sud de la Chine pourraient rentrer dans cette catégorie.

Toutefois, il existe des stratégies efficaces existent pour faire face à ce lent déclin. Des problèmes d’affaissement ont touché par le passé d’autres grandes villes d’Asie comme Osaka ou Tokyo au Japon. Tokyo par exemple s’est alors fourni en eau courante en l’acheminant d’autres régions, et en adoptant une loi interdisant l’utilisation d’eau de pluie. À chaque fois, cela a permis de ralentir l’affaissement.

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