Injures sexistes d'un policier: pour l'avocat de la plaignante, sa cliente est "doublement victime"

Arié Alimi est l'avocat de la plaignante insultée par un policier le 5 février 2022 à Paris.  - Capture BFMTV
Arié Alimi est l'avocat de la plaignante insultée par un policier le 5 février 2022 à Paris. - Capture BFMTV

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"Elle est doublement victime, victime de l'agression sexuelle d'abord, et victime de la réaction policière", estime Me Arié Alimi. Invité sur le plateau de BFMTV ce mardi, l'avocat réagit à ce qui est arrivé à sa cliente, cible d'injures sexistes de la part d'un policier à Paris le 5 février, après avoir déposé plainte.

"Elle pensait être protégée par l'institution policière (...). Derrière les discours de protection des femmes victimes de violences sexuelles, il y a une pensée et une action différentes. Elle a été sidérée", poursuit-il en plateau.

D'après des informations de Mediapart que BFMTV a également pu vérifier, un enregistrement sonore daté du 5 février laisse entendre un policier d'un commissariat parisien insulter violemment une femme et se moquer d'elle pour des propos qu'il juge "incompréhensibles". Cette dernière était venue déposer une plainte pour agression sexuelle subie la veille, en sortant d'un bar.

Le policier tentait de la contacter pour lui demander des précisions sur sa plainte, mais la jeune femme ne répondant pas, il laisse un message sur sa boîte vocale, puis, le combiné ne semblant pas bien raccroché, on entend ensuite le policier discuter avec un collègue et la traiter notamment de "grosse pute".

Un "manque de formation" sur la réception des plaintes

Si la réaction immédiate des services de police après l'appel de la jeune femme reste "convenable", selon son avocat, c'est ce qui s'ensuit qui pose problème: "Derrière, il n'y a pas de traitement judiciaire adéquat parce que l'on considère toujours que les victimes de violences sexuelles sont un peu coupables".

"C'est peut-être pour ça qu'il y a si peu de résolutions judiciaires en matière d'agression sexuelle. Il n'y a pas d'information et de formation suffisantes dans la police", estime Me Arié Alimi. "Est-ce que c'est ce que la plupart des policiers qui recueillent les plaintes pour agressions sexuelles pensent? Auquel cas, le problème est là."

Le fonctionnaire devrait être suspendu dans les prochaines heures

En découvrant le message du policier, la plaignante a saisi l'IGPN. La préfecture de police réagissait ce mardi en dénonçant dans un communiqué "les propos inadmissibles tenus par [le] fonctionnaire de police à l'égard d'une victime de violence sexuelle dont il a pris connaissance". Le fonctionnaire devrait être suspendu, après une demande du préfet dans ce sens.

"Nous travaillons à mettre en place différents dispositifs pour améliorer cette prise en charge, notamment un dispositif qui permet de prendre en charge les victimes en dehors des commissariats, pour celles qui ont des difficultés à aller déposer plainte", explique Naïma Makri, commissaire référente aux violences sexistes et sexuelles à la préfecture de police, interrogée par BFMTV. 876450610001_6297641588001

Elle affirme également sur BFMTV que la suspension du policier est sûrement "une question d'heures".

Article original publié sur BFMTV.com