"Inimaginable de ne pas jouer l'Europe à Le Blé": Brest optimiste après une première visite de représentants UEFA

Bien sûr, le chemin est encore long jusqu'à la fin de saison. "On vit une saison exceptionnelle. Ça n'a jamais existé dans l'histoire du club depuis 1950 et les gens sur la place de Brest parlent pas mal de l'Europe. On essaie quand même de calmer les ardeurs de chacun et rester les pieds sur terre", préfère préciser en préambule Pascal Robert, directeur général du club. Avant de glisser, dans un sourire: "Après, on prépare quand même l'avenir. Même si on a mis une 10ème place dans nos réajustements prévisionnels de budget, c'est sûr qu'on aimerait bien être dans les six. Il y aurait une déception si ce n'est pas le cas". Un aveu rarement entendu jusque-là au club, où Eric Roy et ses joueurs, notamment, ne veulent toujours pas sortir du bois.

"Se délocaliser ? C'est non et non!"

Il faut dire que jouer l'Europe serait un défi énorme à relever pour le club, sportivement bien sûr, mais surtout en termes d'organisation. Tous les regards se portent déjà depuis de longues semaines sur le stade Francis Le Blé. La vieille enceinte brestoise est très loin de répondre aux critères de l'UEFA. Elle est classée en catégorie 2 sur 4 selon l'instance européenne, l'empêchant sur le papier d'accueillir des matchs de phase de poule des trois Coupes d'Europe. Par souci d'anticipation, des représentants de l'UEFA étaient donc à Brest vendredi de la semaine dernière pour expertiser le stade et déterminer les nombreux aménagements à faire. "La visite s'est bien passée. Leur volonté est vraiment de nous accompagner et de nous aider à jouer à Brest", raconte Pascal Robert à RMC Sport. "C'est notre volonté aussi. Il y a clairement pleins de contraintes et pas mal de travaux. C'est compliqué mais pas infaisable. On a tout listé. On va se retrousser les manches avec la ville de Brest et on va y arriver. On va y arriver", se persuade-t-il. Du côté du DG brestois comme de l'ensemble des dirigeants du club, on se montre de toute façon catégorique. "Se délocaliser ? Non et non! C'est inimaginable! Il n'y a pas d'autres alternatives que de jouer à Brest."

Tribunes tubulaires, espaces diffuseurs et médias, vestiaires trop petits...

Quels travaux sont à prévoir? "L'un des sujets, ce sont les tribunes tubulaires normalement interdites par l'UEFA (NDLR: trois des quatre tribunes de Le Blé sont concernées) mais çà on y travaille avec la ville de Brest", détaille Pascal Robert. Contacté, le maire de Brest confirme: "Je pense que dans d'autres pays européens se posent les mêmes problèmes qu'à Le Blé. Pour les tribunes tubulaires, les nôtres sont des tribunes solides. La plus récente date d'un an et demi. Il n'y a pas de problèmes majeurs à mes yeux".

Rapports d'architectes à l'appui, les Brestois ont bon espoir d'obtenir gain de cause sur ce sujet, quitte à devoir réduire la capacité. Le stade Francis Le Blé peut normalement accueillir 15.000 spectateurs, l'UEFA en demande au minimum 8.000. Pas de soucis en vue non plus selon le maire pour les tourniquets demandés aux entrées pour gérer le flux des spectateurs en sécurité. Leur installation semble assez simple.

"L'autre vrai sujet, c'est l'accueil des médias. On est à des années lumières de ce qu'il faut faire pour l'UEFA", poursuit Pascal Robert. Le stade Francis Le Blé est en plein centre-ville, sans espace autour, cerné par la route de Quimper d'un côté, des immeubles d'habitation de l'autre et une école. "Il faut savoir qu'on ne jouerait même pas en Ligue 1 ou en Ligue 2 sans la collaboration exceptionnelle du groupe scolaire de l'Estran à côté qui accueille les cars régie des diffuseurs."

Une cour de maternelle sert aussi de parking pour les voitures des joueurs et des dirigeants. "Là, on va devoir prendre toutes les cours de l'école quasiment pour y mettre des chapiteaux médias et VIP". Le tout pour des matchs en pleine semaine le mardi, mercredi ou jeudi. "Au sein du stade également, en haut de la tribune d'honneur Foucault, on est très loin d'avoir assez de places pour accueillir les journalistes et les caméras ce qui nécessitera de créer plus de tribunes de presse".

Ligue des champions, Ligue Europa ou Conférence League, il n'y aurait pas de grosses différences dans le cahier des charges, même si une qualification en Champions League nécessiterait encore plus de places disponibles. Dernier exemple de travaux indispensables: "Les vestiaires qui sont trop petits. Ils manquent environ deux ou trois places. Il en faut au moins 25". Il faudra trouver les solutions sans pouvoir pousser les murs. Pascal Robert s'arrête là mais concède que la liste de choses à faire est encore longue annonçant une course contre la montre si Brest est officiellement européen au soir de la 34ème journée à la mi-mai.

"On est confiant, mais si les sommes pour les travaux sont astronomiques..."

Le coût financier des travaux, déterminant évidemment, n'a pas encore été chiffré mais il sera forcément conséquent. "On attend d'abord les demandes officielles ainsi que les dérogations possibles", tempère Pascal Robert, rejoint sur ce point par François Cuillandre (maire de Brest) et la municipalité, propriétaire des lieux qui malgré tout prévient: "On verra ce qu'on nous demandera mais c'est sûr que si les sommes sont astronomiques et dans un délai contraint, on aura du mal à le faire". À combien se chiffre une somme astronomique? "Joker", répond le maire . "Je reste malgré tout confiant et la délégation de l'UEFA qui était là la semaine dernière était à mes yeux plutôt sur cette ligne."

Dans le cas contraire, resterait la solution d'une délocalisation, qui serait "une catastrophe", se désole d'avance Pascal Robert. Avec quelles solutions de repli? Guingamp? Lorient? Nantes ou Rennes? Les stades du Roudourou et du Moustoir sont situés à 1h30 de route. Seraient-ils homologués sachant que la dernière participation des Guingampais en Coupe d'Europe date de 2015 et le seul match européen au Moustoir de 2002. Les solutions Rennes ou Nantes sembleraient les plus simples, mais elles se situent à 2h30 et 3h30 de route. Le prix pour louer le stade de la Beaujoire s'élèverait par ailleurs à environ 150.000 euros par match. Toutes ses hypothèses restent pour le moment de la pure fiction. "Chaque chose en son temps. Il n'y a eu aucune prise de contact avec qui que ce soit. La meilleure solution c'est le Blé et si besoin on verra avec les dirigeants du Stade Brestois avec lesquelles on a les meilleures relations du monde", conclut François Cuillandre.

Article original publié sur RMC Sport