Ingérences du RN, Bardella absent, PAC, Ukraine... Les temps forts du premier débat des européennes

Huit candidats aux Européennes du 9 juin se sont affrontés ce jeudi 14 mars dans un premier débat organisé par Public Sénat. Boycottée par Jordan Bardella, la séquence s'est démarquée par la vivacité des candidats et la volonté de la chaîne de mobiliser les Français pour cette élection souvent délaissée.

La campagne est lancée. Ce jeudi 14 mars s'est déroulé sur Public Sénat le premier débat des élections européennes, marquant les débuts de la campagne d'un scrutin habituellement boudé des Français.

Les huit têtes des principales listes se sont affrontées pendant 2h30 sur quatre grands thèmes: l'agriculture, l'immigration, la guerre en Ukraine, l'énergie et le pouvoir d'achat.

Si chacun a joué le jeu, un candidat a manqué à l'appel de la chaîne: Jordan Bardella n'a en effet pas souhaité participer. Et s'est fait remplacer par l'eurodéputé RN Thierry Mariani.

• Le boycott de Jordan Bardella

Pour l'instant, il n'est pas officiellement candidat à sa réélection sur les listes du Rassemblement national, mais c'est bien lui, Thierry Mariani, qui a pris la place de Jordan Bardella dans ce premier débat des européennes.

Le candidat du RN n'a pas souhaité participer arguant qu'il allait faire face à "des inconnus", selon les mots de Sébatien Chenu, vice-président du Rassemblement national qui assurait le service après-vente sur notre antenne. Jordan Bardella a regretté être la seule tête de liste également président de parti.

Son remplaçant sur Public Sénat a défendu l'absence de Bardella, considérant que ce premier débat avait lieu trop tôt dans la campagne.

"C’est le premier débat en Europe. Nous estimons que ce premier débat est un peu prématuré (...) Nous sommes 8 autour de la table, on connaît à peine 2 programmes complets", a expliqué l'eurodéputé.

"Dans les 3 mois qui restent, il y aura de très nombreux débats. Jordan Bardella a déjà donné son accord pour 5 autres débats", a-t-il ajouté.

• PAC ou pas PAC?

Les candidats ont été entendus sur le thème de l'agriculture, tandis que la crise agricole a émaillé tout ce début d'année 2024 et que l'ouverture du Salon de l'agriculture a été le théâtre de heurts entre le président de la République et les syndicats.

Sur la question épineuse de la Politique agricole commune, la candidate écologiste Marie Toussaint a défendu par une punchline la position des Verts. Elle a ainsi fait entendre davantage sa voix dans une campagne où EELV a tendance à être effacé.

"Nous les écologistes, on n'est pas là pour emmerder le monde. On est là pour le protéger", a-t-elle lancé, tandis que son parti a été régulièrement ciblé au sujet des pressions subies par les agriculteurs.

La candidate a ensuite déroulé en trois points distincts le programme écologiste pour ces élections européennes concernant la PAC. "Nous voulons une nouvelle PAC plus juste et qui rémunère mieux l'emploi des agriculteurs", a déclaré Marie Toussaint.

"Nous voulons la fin des accords de libre-échange [...] Nous voulons des revenus garantis pour les agriculteurs sur au moins trois ans [...] ainsi qu'un grand plan d’investissement pour les aider à la transition écologique", a-t-elle expliqué, alors seule candidate à proposer sur le plateau à développer à ce moment-là un programme compact en matière de politique agricole commune.

• Ingérences russes du RN: Mariani sous les assauts

L'eurodéputé du Rassemblement national Thierry Mariani, réputé proche de Moscou, a été la cible des candidats de gauche. Il a notamment été accusé d'être le "petit télégraphiste du Kremlin" par la tête de liste des socialistes, Raphaël Glucksmann, particulièrement virulent contre lui. Ce dernier a même dit avoir "hésité" à venir sur le plateau à cause de ces accointances.

La candidate de La France insoumise, Manon Aubry, a estimé qu'il aurait fallu laisser "une chaise vide" pour le RN, tandis que l'écologiste, Marie Toussaint, a renchéri en affirmant que Thierry Mariani avait été "presque un agent du Kremlin sur le territoire européen".

Interrogé sur ses relations avec le président russe Vladimir Poutine, l'eurodéputé s'est défendu. "Elles sont certainement moins fréquentes que celles de Monsieur Macron", a-t-il répondu en référence au dialogue entretenu par le président français avec son homologue, y compris au début de l'invasion russe de l'Ukraine.

La candidate du camp présidentiel, Valérie Hayer, a répondu qu'elle ne voyait pas le rapport: "C'est un chef de l'État".

• Guerre en Ukraine: Valérie Hayer, seule contre tous

La tête de liste Renaissance a également défendu la nouvelle posture du président de la République, qui affirme qu'il ne faut pas exclure un envoi de militaires en Ukraine à l'avenir. "C'est à Vladimir Poutine qu'il faut fixer des lignes rouges", pas "à nous-mêmes", a martelé Valérie Hayer.

La candidate a rappelé que "l’ambiguïté stratégique" face à Vladimir Poutine, est "nécessaire". "Par principe on n’exclut rien", a-t-elle déclaré.

Valérie Hayer a toutefois précisé que "personne ne veut un affrontement direct avec la Russie de Vladimir Poutine". Il faut "arrêter de nous fixer nos propres lignes rouges, c’est à Vladimir Poutine et au Kremlin qu’il faut fixer des lignes rouges", a-t-elle expliqué.

"La sécurité des Ukrainiens c’est notre sécurité", a déclaré en conclusion la candidate Renaissance.

• Immigration: le grand débat

La candidate de Reconquête Marion Maréchal a estimé que l'Europe avait "complètement perdu le contrôle sur l'immigration" et plaidé pour la mise en place d'un "blocus naval militaire". Difficile pour la tête zemmouriste de se démarquer sur ce sujet du Rassemblement national qui s'est déjà prononcé en faveur de cette mesure.

Thierry Mariani a utilisé son temps de parole à dénoncer la politique menée par le camp présidentiel, tandis que la tête de liste des Républicains François-Xavier Bellamy a rappelé le référendum d'initiative partagée présenté par son parti en France sur l'immigration, car il y a "urgence à agir".

Le candidat républicain en a profité au passage pour se payer le bilan du Rassemblement national. "Certains qui agitent les slogans les plus radicaux parfois, sont en réalité ceux qui sont les plus inconstants sur cette question", a commenté François-Xavier Bellamy.

"Le RN a été longtemps contre Frontex, ils ont voté contre l'augmentation de son budget quand Monsieur Leggeri demandait cette augmentation (...) Ils étaient pour le Brexit, maintenant, ils sont contre...", a-t-il développé.

"Après ces 50 nuances d'extrême droite", il faut "remettre un peu d'humanité", a ironisé Manon Aubry qui s'en est prise violemment à l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex.

La candidate insoumise a fustigé "une agence de cow-boys" qui laisse "mourir en mer" et dont la priorité est "de construire des murs". Une attaque directe à l'ancien directeur de Frontex, numéro 2 de la liste menée par Jordan Bardella.

Article original publié sur BFMTV.com