Infrastructures, loyers, Airbnb... Quel sera l'impact des JO 2024 sur l'immobilier en Île-de-France?

La question suscite des débats, mais personne ne tombe d’accord. Si certains s’enchantent de voir Paris recevoir cet évènement sportif incontournable, d’autres voient déjà rouge quant aux investissements mobilisés. Le territoire francilien va connaître des évolutions majeures. Alors, que pourraient impliquer les Jeux olympiques pour le marché immobilier?

Les espoirs de la ville de Paris

L’organisation des JO implique la création de nouvelles infrastructures, apporte une visibilité mondiale et une réelle dynamique à la ville qui les reçoit. Une étude d’impact a été réalisée par le Centre de droit et d’économie du sport (CDES) dans le cadre de la candidature de Paris pour les Jeux olympiques 2024. Elle estime que cet évènement pourrait générer entre 5,3 et 10,7 milliards d’euros entre 2017 et 2034, dont 1 à 1,8 milliard d’euros dans le secteur de la construction.

Un fort impact est également attendu sur le tourisme (1,4 à 3,5 milliards) et sur l’économie (entre 119.000 et 247.000 emplois créés). Le marché immobilier est directement touché par l’accueil des JO lors de l’évènement (montant des loyers, hausse de la demande d’hébergements) puis indirectement dans les années qui suivent (prix du marché, renouvellement de certains quartiers). Voyons cela plus en détail.

Les infrastructures et logements créés grâce aux JO de Paris

Pour de nombreuses villes organisatrices, les Jeux olympiques accélèrent certains projets (infrastructures, aménagement urbain) et la rénovation ou création de quartiers résidentiels.

Pour Paris 2024, le futur Village des médias accueillera 4.000 journalistes au Bourget et devrait donner naissance à 1.500 logements à la suite des Jeux. Le Village olympique et paralympique prend place sur les communes de Saint-Denis, de Saint-Ouen et de l'Ile-Saint-Denis. Il a vocation à devenir ensuite un écoquartier de 3.500 logements.

Plusieurs infrastructures sportives de Seine-Saint-Denis seront rénovées (gymnases, piste d'athlétisme, etc.). Niveau urbain, des liaisons piétonnes seront aménagées pour relier l’Ile-Saint-Denis et le Stade de France et l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite sera améliorée pour les sites olympiques.

L’impact direct sur le prix des loyers

Pendant le déroulement des Jeux, accueillir le public du monde entier peut occasionner une flambée des loyers. Les demandes de location temporaire fusent et les propriétaires peuvent en tirer profit. Lors des JO de Londres (2012), certains ont multiplié leur loyer par 5 dans le quartier de Stratford, à côté du village olympique. Toutefois, les agents immobiliers nuancent cette opportunité. Les touristes ne sont pas toujours prêts à dépenser des sommes mirobolantes et tout reste une question d’offre et de demande.

À Rio en 2016, une nuit se chiffrait à 185 euros en moyenne. La commune était devenue la destination la plus coûteuse du moment et le comité des JO avait passé un accord avec Airbnb pour que chaque visiteur trouve un hébergement.

Pour les propriétaires de meublés qui souhaitent vendre, il serait donc intéressant de repousser ce projet pour profiter de louer le bien pendant les Jeux olympiques.

Les potentielles retombées pour l’immobilier à long terme

L’héritage à long terme des Jeux olympiques varie selon les villes. Le bilan des JO de Barcelone (1992) et de Londres (2012) montre que l’évènement a conduit à:

  • Une augmentation des loyers ;

  • La transformation de zones populaires en quartiers plus aisés, avec des logements beaucoup moins abordables.

Toutefois, cette tendance est à nuancer. Une étude a comparé l’évolution des prix de l’immobilier entre certaines villes organisatrices des Jeux et des communes similaires qui ne les ont pas accueillis, sur la période 1984-2000. L’analyse déduit que les JO ont provoqué une augmentation des prix à Barcelone et Sydney, mais pas forcément pour les autres hôtes des Jeux.

Enfin, il faut noter que la situation économique et les choix d’aménagement faits par chaque ville jouent aussi un rôle. Rio a plutôt investi dans des quartiers aisés pour ses JO. Londres avait promis 49 % de nouveaux logements abordables à la suite des JO et n’en a finalement proposé que 31 %.

Ainsi, il reste délicat d’estimer l’impact réel sur l’immobilier des JO. Plus largement, il est aussi ardu d’affirmer qu’ils seront bénéfiques ou non à l’économie de l’Île-de-France et du pays tout entier. Les sportifs, en revanche, seront ravis.

Article original publié sur RMC Sport