Information, accord des parents : comment va se dérouler la vaccination contre le HPV au collège

Une campagne de vaccination contre les papillomavirus va se tenir au collège. Les filles et les garçons de 5e, âgés de 11 à 14 ans, sont concernés.

"Ce ne sera pas massif", anticipe pour BFMTV.com Laurent Kaufmann, principal de collège et secrétaire fédéral du Sgen-CFDT. "Les campagnes vaccinales portées par l'école ont rarement le succès imaginé." Même si, nuance-t-il, elles restent "une bonne porte d'entrée" d'information et de prévention. "Mais on n'atteindra pas 100%."

La campagne de vaccination contre le papillomavirus doit débuter ce lundi 2 octobre, a précisé début septembre Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé et de la prévention. Une campagne qui avait été annoncée en février dernier par Emmanuel Macron. Le président de la République avait alors évoqué une campagne de vaccination gratuite généralisée dans les collèges pour les élèves de 5e.

En clair: tous les élèves de 5e âgés de 11 à 14 ans des collèges publics -et privés sous contrat volontaires- sont concernés. Les collégiens recevront ainsi deux injections à intervalle d'au moins six mois. Mais si cette vaccination est gratuite, elle n'est pas obligatoire.

"Si l'établissement scolaire a un service de santé robuste avec une infirmière présente et un bon niveau d'information, on peut espérer toucher davantage d'élèves", pointe Laurent Kaufmann. Il se souvient que la précédente campagne de vaccination contre le Covid, organisée en 2021, n'avait pas rencontré un franc succès dans son collège de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

"Une classe devait partir en voyage scolaire. Mais pour cela, les élèves devaient être vaccinés. On a dû ouvrir le voyage à d'autres classes car la majorité des familles ne voulaient pas que leur enfant soit vacciné."

"On est une boîte aux lettres"

Ce sont les ARS et les collectivités qui pilotent cette nouvelle opération qui sera reconduite chaque année. Celle d'Île-de-France assure ainsi sur son site que "des équipes mobiles de professionnels de santé issues des centres de vaccination habilités par l'ARS ou des centres de vaccination des conseils départementaux ayant souhaité conserver la responsabilité de l'organisation des vaccinations se déplaceront dans les collèges franciliens."

L'ARS de Bretagne indique pour sa part que la première dose sera administrée entre octobre et décembre, puis entre avril et juin pour la seconde. "L'objectif est de réaliser le schéma complet de la vaccination contre les infections liées aux HPV sur une même année scolaire."

"Nous nous contentons de coordonner l'opération", explique Laurent Kaufmann, du Sgen-CFDT. "On est une boîte aux lettres et un lieu de service", abonde pour BFMTV.com Jean Klein, principal d'un collège à Caen (Calvados) et secrétaire national du Syndicat national unitaire des personnels de direction (SnuPDEN-FSU).

"Notre rôle consiste à informer les familles et recueillir leur consentement."

Si les parents n'ont pas été informés dès les mois de juin de cette campagne à venir, il l'ont été à la rentrée ou le seront dans les prochains jours. Parmi les documents qui leur sont transmis par les collèges: une lettre du gouvernement qui présente la campagne, un tract du ministère de la Santé sur le papillomavirus et l'intérêt de la vaccination ainsi que l'autorisation parentale à signer -les deux représentants légaux doivent donner leur accord.

Vaccination par classe ou individuellement

Jean Klein, le principal de Caen, n'a pour sa part pas encore communiqué aux parents d'élèves -l'intervention des médecins du CHU de Caen pour l'injection de la première dose dans son établissement étant programmée au mois de janvier. "Je préfère attendre un peu que la rentrée passe pour ne pas surcharger les familles d'informations."

Michaël Vidaud, principal d'un collège à Tournon-sur-Rhône (Ardèche) et membre de l'exécutif national du SNPDEN, n'a lui non plus pas informé les parents d'élèves dès le jour de la rentrée. "Nous avons reçu les enveloppes à distribuer aux familles le 7 septembre", affirme-t-il à BFMTV.com. Elles ont été distribuées aux élèves la semaine suivante.

Dans son établissement, la première injection aura lieu au mois de novembre. L'organisation précise de cette journée n'est pas encore fixée. "Ce ne sera pas le même dispositif si nous récupérons 180 réponses positives ou seulement 20."

Dans le premier cas, la vaccination pourra alors se faire par classes entières au sein de l'établissement. Dans le second, de petits groupes constitués des élèves volontaires issus des différentes classes de 5e pourront se rendre dans un établissement voisin afin de se faire vacciner, comme cela s'était produit lors de la vaccination contre le Covid.

"On était allé chercher individuellement les élèves en cours", poursuit Michaël Vidaud. "On pourra refaire la même chose."

"Ça peut être coton"

Mais pas question pour les chefs d'établissement de tenter de convaincre les familles réticentes. "Ce qu'on nous demande, c'est d'informer les parents", détaille Laurent Kaufmann, du Sgen-CFDT. "Aucun prosélytisme de notre part, nous devons avoir une posture de neutralité", ajoute Jean Klein, du SnuPDEN-FSU.

"Informer les familles et recueillir leur réponse, notre rôle s'arrête là."

Si, pour Michaël Vidaud, du SNPDEN, cette vaccination représente un "enjeu de santé publique", il renverra à leur médecin traitant les parents qui se poseraient des questions plus précises. "Je ne suis pas spécialiste du sujet."

"Certaines familles ne mesurent pas les enjeux, d'autres sont clairement opposées à la vaccination, ça peut être un sujet coton", remarque encore Laurent Kaufmann.

6 000 nouveaux cas de cancers

Les papillomavirus (HPV) sont communs - il en existe plus de 150 différents, détaille le site Service public. Leur transmission se fait quasiment exclusivement par contact sexuel.

Dans neuf cas sur dix, l'infection est transitoire et s'élimine naturellement en un à deux ans après la contamination. Mais dans 10% des cas, l'infection persiste et peut entraîner des lésions évoluant en cancer dix à quinze ans après l'infection.

Chaque année en France, les HPV sont responsables de plus de 6000 nouveaux cas de cancers chez les femmes comme chez les hommes. Le plus souvent du col de l'utérus qui survient exclusivement après une infection par des papillomavirus. C'est le second cancer le plus fréquent chez les femmes, soit 3000 nouveaux cas par an et 1100 décès, rappelle l'Institut Pasteur. Mais les HPV peuvent aussi causer des cancers de la vulve, du vagin, de la sphère ORL, de l'anus ou du pénis.

Une étude récente publiée dans The Lancet a montré que 31% des hommes de plus de 15 ans ont été infectés par un virus de type HPV. Plus grave, un homme sur cinq est porteur d'un HPV oncogène, c'est-à-dire qui favorise la survenue de cancers.

Comme le rappelle Service public, les préservatifs sont inefficaces contre l'infection à HPV. Seule la vaccination protège. En France, la couverture vaccinale reste faible: 48% des filles et seulement 13 % des garçons âgés de 15 ans ont reçu au moins une dose.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Carnet de Santé - Dr Christian Recchia : "Le papillomavirus est, dans le cas des MST, un virus redoutable pour le petit garçon comme pour la petite fille"