Infirmiers italiens, ne partez plus, s’il vous plaît !

Un couloir d’hôpital dans lequel marche un groupe d’infirmiers. Photographiés de dos, ils semblent vouloir quitter les lieux, et c’est bien le message que veut faire passer Specchio, le supplément dominical de La Stampa, sur sa une datée du 12 mai. Une idée explicitée par le titre : “Infirmiers, ne partez pas !”

Car depuis plusieurs années, dans le silence généralisé des politiques transalpins, dénonce ce journal turinois, “une véritable armée d’infirmiers est en fuite”. Un cri d’indignation, appuyé par des chiffres, puisque selon les décomptes de l’hebdomadaire, “entre 2000 et 2018, 29 826 infirmiers ont quitté l’Italie, tandis qu’entre 2019 et 2021, en trois ans seulement, ils ont été 17 809 à franchir le pas, soit environ 6 000 par an”.

Voilà qui représente un problème important lorsque l’on sait que, selon les chiffres officiels, il y avait environ 395 000 infirmiers actifs dans le pays en 2023. Et selon les estimations des experts du secteur, il faudrait 63 500 infirmiers supplémentaires pour que le système sanitaire fonctionne efficacement. Une situation inquiétante, d’autant plus que le nombre d’infirmiers qui sort des universités chaque année a diminué de 2 000 après le Covid et que les départs en retraite devraient s’accélérer dans les années à venir.

La faute à un pays vieillissant, et justement, l’âge moyen très élevé des Italiens (le plus haut dans l’Union européenne) rend le problème encore plus manifeste. “Chez nous, on dénombre 48,9 infirmiers pour 1 000 personnes de plus de 75 ans, tandis qu’en France on en compte 113,4 ou encore 106,7 en Allemagne”, alerte le média transalpin. La comparaison avec les poids lourds de l’UE est donc ingrate pour la péninsule, mais même à l’échelle du bloc, l’Italie figure parmi les mauvais élèves, puisque, d’après des statistiques relayées par l’OCDE, on dénombre dans le pays 6,2 infirmiers pour 1 000 habitants, contre une moyenne de 8,8 pour 1 000 habitants au sein de l’UE.

Dans un tel contexte, une accélération de cette dynamique de départs d’infirmiers serait catastrophique, mais il semble difficile de l’enrayer, prévient Specchio, qui souligne que ces professionnels de santé touchent en moyenne “un salaire inférieur de 40 % à celui de leurs collègues européens”. Une différence qu’il faudra corriger, et parmi les propositions faites par le FNOPI, la fédération des infirmiers, il y a celle d’éliminer la règle qui impose aux employés du public de ne pas travailler dans le privé. “Voilà qui risquerait cependant d’augmenter les discriminations entre les patients qui peuvent payer et ceux qui ne le peuvent pas”, conclut, inquiet, le média progressiste.

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