Infirmière tuée à Reims : le suspect mis en examen pour assassinat et placé en détention provisoire

Carène Mezino a succombé à ses blessures après avoir été poignardée à plusieurs reprises par un patient atteint de pathologies psychiatriques.

FAIT-DIVERS - Le parquet avait requis sa mise en examen pour assassinat et son placement en détention provisoire. Des demandes suivies par la chambre de l’instruction, ce mercredi 24 mai, à l’issue de la garde à vue du principal suspect dans l’homicide de l’infirmière Carène Mezino, ce lundi à Reims.

L’homme, qui a également blessé gravement une secrétaire médicale, a été mis en examen pour « tentative d’assassinat » pour ces faits. Ce Rémois de 59 ans voulait « se venger » du « personnel hospitalier », qui l’aurait selon lui maltraité, avait affirmé ce mercredi le procureur de Reims Matthieu Bourrette.

Aveux en garde à vue

Le mis en cause, célibataire et sans profession et « souffrant de schizophrénie et de paranoïa », est suivi depuis 1985 et reconnu comme adulte handicapé, avait précisé le magistrat lors d’une conférence de presse.

Le suspect a déclaré en garde à vue avoir donné « plusieurs coups de couteau » aux victimes « en raison de leur qualité » et en « vouloir à la psychiatrie », a indiqué le procureur de Reims, Matthieu Bourrette. Il a reconnu ses actes, précisant « avoir pensé son forfait depuis plusieurs mois ». Il dit avoir acheté le jour même le « couteau de cuisine », d’une lame de 20 cm, qu’il a utilisé.

Lors de son interpellation, il avait déclaré aux policiers qu’à « chaque fois qu’il croiserait une blouse blanche, il la planterait parce qu’il voulait se venger » d’avoir été « maltraité depuis plusieurs années par le milieu psychiatrique », a poursuivi le procureur.

Abolition du discernement

Les deux victimes ont été attaquées au couteau lundi en début d’après-midi dans les vestiaires de leur service au CHU de Reims. L’infirmière, Carène Mezino, 37 ans, mère de deux enfants de 8 et 11 ans, est décédée dans la nuit de lundi à mardi. La secrétaire médicale, âgée de 56 ans, dit « avoir reçu cinq coups de couteau ». Selon le ministre de la Santé François Braun, elle est « sortie du bloc opératoire » et reste « en surveillance ».

Le suspect avait été mis examen à Châlons-en-Champagne en 2017 pour des « violences aggravées » commises « avec un couteau » sur quatre personnes d’un établissement d’aide par le travail (ESAT) où il travaillait, après avoir arrêté son traitement, a souligné M. Bourrette.

Une audience est prévue vendredi pour statuer sur l’éventuelle « abolition » de son « discernement » dans ce premier dossier. Des mesures de sûreté « pouvant aller jusqu’à l’hospitalisation sous contrainte » peuvent être décidées dans ce cadre. Son avocate a demandé un renvoi, a indiqué son cabinet à l’AFP.

Régulièrement hospitalisé et placé sous « curatelle renforcée », le suspect était soumis à un traitement médicamenteux quotidien. L’enquête devra déterminer s’il a ou non arrêté ses soins, ce qui pourrait, le cas échéant, avoir contribué « au passage à l’acte », a insisté le procureur.

Minute de silence

Une minute de silence a été observée mercredi dans tous les hôpitaux de France en mémoire à l’infirmière, dont la Première ministre Élisabeth Borne a salué « l’énergie et la douceur, l’empathie et le professionnalisme ». Une centaine de personnes se sont recueillies dans la cour de l’hôpital de Reims devant des fleurs blanches déposées par des collègues et des patients.

Ce meurtre « repose immédiatement la question de la situation catastrophique de la prise en charge des malades mentaux », avait réagi mardi Force ouvrière Santé. Le personnel des établissements de soins dénonce une hausse des violences verbales ou physiques de la part des patients et de leurs accompagnants. Beaucoup d’établissements ont dû renforcer leurs mesures de sécurité et embaucher des vigiles.

Le ministre de la Santé, François Braun, doit réunir jeudi les organisations syndicales sur le sujet de la sécurité dans le secteur de la santé. Parmi des idées évoquées mercredi matin sur BFMTV, « plus de lumière sur le parking où l’infirmière va le soir à 22h, ne pas attendre deux mois pour changer le digicode de la porte du bureau, du vestiaire ». Il conseille aussi aux soignants de toujours « porter plainte » en cas de violence.

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