Infirmière tuée à Reims : le suspect de l’agression mortelle avait un lourd passif psychiatrique

Sur cette photo d’archive datée de 2019, on peut voir le CHU de Reims, où a eu lieu lundi l’agression mortelle au couteau d’une infirmière.
Sur cette photo d’archive datée de 2019, on peut voir le CHU de Reims, où a eu lieu lundi l’agression mortelle au couteau d’une infirmière.

FAITS DIVERS - Alors qu’une minute de silence avait lieu dans tous les hôpitaux du pays en hommage à Carène Mezino, l’infirmière tuée à Reims lundi, le procureur de la République de Reims s’est prononcé ce mercredi 24 mai en faveur de la mise en examen de l’homme mis en cause dans cette agression mortelle.

Matthieu Bourrette a requis la mise en examen du suspect pour « assassinat » et « tentative d’assassinat », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse pour faire le point sur l’enquête. Le placement en détention provisoire de cet homme au très lourd parcours psychiatrique a également été demandé par le magistrat « avec placement rapide en unité hospitalo-carcérale, notamment au regard des risques de réitération des faits ».

« Il appartiendra cet après-midi au juge d’instruction et au juge des libertés et de la détention d’apprécier les suites », a-t-il affirmé, précisant que l’agresseur présumé encourait la réclusion criminelle « à perpétuité ».

Désormais « hors de danger », la secrétaire médicale blessée lors de l’agression a pu être entendue et affirme « avoir reçu cinq coups de couteau », a indiqué Matthieu Bourrette. La veille, le ministre de la Santé avait indiqué sur BFMTV qu’elle était « sortie du bloc opératoire » et qu’elle était « en surveillance ».

Des soins psychiatriques depuis 1985

Durant cette conférence de presse, le procureur de la République est revenu en détail sur le passé du suspect, qui a affirmé « en vouloir au personnel hospitalier » et « aux blouses blanches ».

Le mis en cause a reconnu au moment de son interpellation avoir donné « plusieurs coups de couteau » aux victimes en raison de leur qualité, affirmant en « vouloir à la psychiatrie », qu’il a qualifiée de « criminelle ». Dès son interpellation, il a déclaré aux policiers que « chaque fois qu’il croiserait une blouse blanche, il la planterait parce qu’il voulait se venger ».

Il faut dire que l’homme mis en cause est atteint de « paranoïa et de schizophrénie » et « faisait l’objet de soins psychiatriques depuis 1985 » avec de nombreux séjours hospitaliers. Le procureur a d’ailleurs affirmé qu’il était reconnu « adulte handicapé ».

Son passage à l’acte mardi n’était d’ailleurs pas le premier, comme l’a fait savoir le procureur de la République de Reims, évoquant une précédente agression au couteau en 2017 « sur fond de pathologie sévère de type syndrome persécutif et psychose chronique depuis l’adolescence ». Il avait pour cela été mis examen pour « violences aggravées » commises « avec un couteau » sur quatre personnes d’un établissement d’aide par le travail (ESAT) où il travaillait.

Le suspect avait alors connu une « nouvelle mesure d’hospitalisation » suivie de plusieurs autres jusqu’en septembre 2021.

Vers une irresponsabilité pénale ?

Et si le psychiatre du suspect « ne s’attendait pas à un tel passage à l’acte » sachant qu’il « venait tous les jours au rendez-vous pour prendre ses médicaments, dont la dernière fois le jour des faits », la mère de cet homme de 59 ans a toutefois indiqué aux enquêteurs qu’elle n’était « pas surprise de ce nouveau passage à l’acte ».

L’homme était soumis à un traitement médicamenteux quotidien, qu’il pourrait ne pas avoir suivi, toujours selon le procureur. D’ailleurs, lors des perquisitions à son domicile, « un sachet de médicament ni ouvert ni entamé » a été retrouvé, a encore fait savoir Matthieu Bourette.

La chambre de l’instruction doit désormais statuer dans ce dossier sur une « éventuelle irresponsabilité pénale » en raison « de l’abolition de son discernement ». Le procureur a d’ailleurs évoqué son placement sous « curatelle renforcée ».

Concernant l’infirmière tuée dans cette agression au couteau lundi après-midi dans les vestiaires du service de l’unité de « médecine et santé au travail » du CHU de Reims, son autopsie a révélé qu’elle était morte d’une « hémorragie interne provoquée par des lésions d’organes thoraciques et abdominaux ». Âgée de 37 ans, elle était mère de deux enfants de 8 et 11 ans.

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