En Indonésie, le programme du verre de lait gratuit pour tous les écoliers tourne au casse-tête

Le 2 mai 2024, 117 entrepreneurs indonésiens de l’industrie agroalimentaire ont été stupéfaits de recevoir une lettre du ministre de l’Agriculture intitulée “Programme du mouvement pour la consommation de lait”. “À travers cette lettre, le ministère demande l’appui des acteurs de la filière pour augmenter le cheptel bovin laitier afin de mettre en place le programme de consommation de lait dans toutes les écoles du pays”, rapporte Tempo.

Ce programme est la promesse électorale phare de Prabowo Subianto, le nouveau président de l’Indonésie : distribuer quotidiennement un repas gratuit et 200 ml de lait à 82,9 millions d’enfants de maternelle, de primaire, du secondaire et aux femmes enceintes. Un programme que les candidats d’opposition ont qualifié de populiste et d’irréaliste étant donné son coût annuel estimé à 26,5 milliards d’euros, même si plusieurs pays dans le monde, tels que l’Inde, le Brésil, la Zambie et la Malaisie, l’ont déjà adopté avec succès.

Le magazine précise qu’une “matrice du plan de développement des activités d’élevage de bovins laitiers” était jointe à la lettre. Les industriels avaient une semaine pour la remplir et la soumettre au ministère. Le problème, c’est que sur les 117 entreprises ciblées, seules quelques-unes produisent du lait ou sont associées à des fermes laitières. La plupart des autres sont des usines de confiserie, de café et de biscuiterie. “Nous n’avons ni les connaissances ni les compétences nécessaires pour élever des vaches”, a déclaré l’un de ces hommes d’affaires à Tempo.

Il manque 2 millions de vaches

La lettre était en plus accompagnée d’une mention “pressante”, selon laquelle le gouvernement rendrait la demande de permis industriel difficile aux acteurs du secteur qui ne s’y conformeraient pas.

Le président élu ne sera investi dans ses nouvelles fonctions qu’en octobre prochain, mais il est lui-même déjà mis sous pression concernant la mise en place de ce programme ambitieux. Tempo cite les calculs de la Direction générale de l’élevage et de la santé animale selon lesquels “la demande nationale annuelle en lait est actuellement de 4,6 millions de tonnes. Si le programme de consommation de lait et de repas gratuits est mis en place, les besoins en lait augmenteront de 4,1 millions de tonnes, alors que la production nationale n’est que de 0,9 million de tonnes, soit un déficit de 7,8 millions de tonnes, l’équivalent de plus de 2 millions de vaches laitières.”

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