En Indonésie, la difficile régulation du niveau sonore des mosquées pendant le ramadan

En 2022, pour prévenir les désagréments sonores, une circulaire du ministère des Religions indonésien avait adressé une série de recommandations concernant les prières et prêches durant le mois de ramadan, rappelle BBC News Indonesia.

Elle préconisait notamment que les haut-parleurs les retransmettant soient installés seulement à l’intérieur des mosquées et que le volume ne dépasse pas les 100 décibels.

Alors que le ramadan a débuté mardi 12 mars en Indonésie, les plaintes des citoyens incommodés par le son “excessif” des haut-parleurs se multiplient – aussi bien du côté des musulmans que des non-musulmans. “Trop c’est trop !” s’exclame Dian Amalia, habitante musulmane de Depok, en périphérie de Jakarta. “Ne commencez pas une heure avant l’aube et ne réveillez pas les autres pour le sahur [repas de l’aube avant le jeûne], car d’autres gens commencent le jeûne à des heures différentes.”

Malgré la circulaire, certaines mosquées refusent de baisser le volume de leurs haut-parleurs. Aucune sanction n’est en effet prévue en cas de non-respect. “Depuis [des années], la mosquée Al-Ma’mur utilise des haut-parleurs internes et externes lors de l’exécution du tarawih [la prière de la nuit pendant le ramadan] pour bien se faire entendre de loin”, clame l’administrateur de cette mosquée du centre de Jakarta, interrogé par BBC Indonesia.

Augmentation du nombre de mosquées

D’autres leaders musulmans voient plutôt la circulaire d’un bon œil, estimant qu’elle n’empêche nullement la prédication. “Elle est d’autant plus nécessaire que le nombre de mosquées augmente chaque année. À tel point que les appels à la prière se chevauchent et s’entrechoquent”, concède l’imam Addarukutni, secrétaire général du Conseil indonésien des mosquées.

Le pays compterait plus de 800 000 mosquées et salles de prière selon les estimations de Jusuf Kalla, ancien vice-président du pays. Selon l’imam, cette réglementation permet donc de “maintenir l’harmonie sociale et la vie communautaire”.

Il y a quelques années, aucun Indonésien ne se serait risqué à dénoncer publiquement les nuisances sonores occasionnées par les mosquées. En 2016, Meiliana, une jeune femme de descendance chinoise résidant à Tanjungbalai, dans le nord de Sumatra, avait demandé au responsable de la mosquée voisine de baisser le volume des haut-parleurs. Sa requête avait provoqué des émeutes et le saccage de plusieurs temples chinois de la ville. L’intéressée avait même été condamnée à dix-huit mois de prison pour blasphème. Grâce à la circulaire de 2022, ce genre de condamnation ne peut plus légalement se produire.

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