En Inde, la commission électorale suspectée de partialité dans les élections législatives

“Comment la commission électorale a été domptée”, titre la dernière édition du magazine indien The Caravan avec, en fond, une illustration qui évoque une liste de points dont les couleurs sont – comme s’ils n’étaient pas tous traités de la même façon.

Dans les pages intérieures, le journal développe son argumentaire à partir du titre “Cheques and imbalances”. Il s’agit d’un jeu de mots établi à partir de l’expression en anglais checks and balances, qui désigne la séparation et l’équilibre des pouvoirs dans une démocratie. Ici, les checks – les “freins” conçus pour limiter les abus de pouvoirs – sont remplacés par des “chèques”, lesquels dégagent, eux, une forte odeur de corruption. Quant à l’“équilibre” des pouvoirs, les balances, il est remplacé par des imbalances, des “déséquilibres”, de la partialité, de l’iniquité.

Charge féroce

Tout en nuances, la charge du magazine The Caravan contre l’état actuel de la commission électorale est donc féroce. Et pour cause : celle-ci est devenue “une arme qu’a déployée [le Premier ministre], Narendra Modi, dans la guerre qu’il a lancée contre les partis d’opposition à la veille du scrutin législatif” qui se tient depuis le 19 avril, et dont les résultats seront connus le 4 juin.

Dans cette élection qui s’étend sur six semaines, et qui mobilise pas loin de 1 milliard d’électeurs, le rôle de la commission électorale est absolument crucial pour que l’impartialité du scrutin soit respectée. Or elle a annoncé les dates du scrutin et la composition du corps électoral très tard, après des manœuvres de dernière minute sur sa composition : deux des trois membres de la commission ont été remplacés au dernier moment. Et les deux nouveaux entrants sont réputés proches du gouvernement : ils ont été nommés à la va-vite en vertu d’une loi controversée adoptée également à la va-vite en décembre dernier.

À peine quelques jours plus tard, plusieurs agences gouvernementales s’en sont prises à des figures et à des partis opposés au gouvernement de Narendra Modi : arrestation du ministre en chef de l’agglomération de New Delhi, saisies très sélectives de marchandises visant à acheter des voix… À chaque fois, la commission électorale a laissé faire. Sans grande surprise, le BJP de Narendra Modi est déjà donné grand vainqueur des élections. Verdict le 4 juin.

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