Incident à Sciences po entre une étudiante juive et des pro-Gaza : les conclusions de l’enquête

Un agent de sécurité enlève un poster pro-palestinien à Sciences po le 7 mai 2024.
DIMITAR DILKOFF / AFP Un agent de sécurité enlève un poster pro-palestinien à Sciences po le 7 mai 2024.

SCIENCES PO - L’occupation d’un amphithéâtre par des étudiants pro palestiniens sur fond d’accusations d’antisémitisme avait attisé les controverses pour Sciences Po Paris. Pressé de sévir jusqu’au sommet du gouvernement, la direction du prestigieux établissement a décidé ce jeudi 23 mai de renvoyer huit étudiants devant la section disciplinaire.

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L’école avait été plongée dans la tourmente le 12 mars, avec des incidents survenus lors de l’occupation d’un amphithéâtre par environ 300 militants pro palestiniens dans le cadre d’une « journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine ».

La direction avait alors indiqué qu’une étudiante de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) avait « été empêchée d’accéder à l’amphithéâtre » et que « des propos accusatoires » avaient été prononcés à la tribune à l’encontre de l’association. L’UEJF avait dénoncé des propos antisémites, une version contestée par le comité Palestine de Sciences Po.

Après cet épisode, une enquête interne avait été lancée et le gouvernement avait saisi le procureur.

La phrase « Ne la laissez pas rentrer, elle est sioniste » au cœur de l’enquête

Plus de deux mois après cette affaire, l’enquête interne, qui a conduit à 38 auditions d’étudiants, enseignants et salariés, « a permis d’établir la tenue d’actes et de propos contraires à notre règlement et aux valeurs de Sciences Po », a indiqué l’administrateur provisoire de Sciences Po Jean Bassères dans un message ce jeudi aux salariés et aux étudiants de l’école.

« Parmi ces actes, on compte l’occupation de l’amphithéâtre, le filtrage d’une étudiante à l’entrée, des propos à caractère discriminatoire tenus à l’encontre » de l’UEJF, « des propos dénigrant Sciences Po et ses personnels ainsi qu’un acte d’intimidation à l’égard d’un enseignant », poursuit-il.

Concernant l’accusation de « propos à caractère discriminatoire et antisémite » à « l’encontre d’une étudiante » et le fait de savoir « si la phrase “Ne la laissez pas rentrer, elle est sioniste” avait été prononcée », « les différentes auditions confirment que trois étudiants ont déclaré avoir entendu à proximité immédiate de l’amphithéâtre une telle phrase, mais selon différentes variantes », détaille-t-il.

Huit étudiants risquent l’exclusion

La cellule d’enquête n’a donc « pas été en capacité d’identifier le ou les auteurs de ces propos », ajoute-t-il. « Il y a une conviction », explique Jean Bassères dans une interview au journal Le Parisien jeudi : cette phrase « a été prononcée - sous cette forme ou une autre », mais « la cellule n’a pas pu identifier les auteurs pour les traduire devant la section disciplinaire. Ce que je regrette ».

Quant aux huit étudiants renvoyés devant la section disciplinaire, ils risquent jusqu’à l’exclusion de l’enseignement supérieur pour cinq ans, selon la direction.

L’UEJF a salué jeudi la décision de Sciences Po de saisir la commission disciplinaire, « un pas important contre la haine à l’université », selon elle. « Cette décision importante doit aboutir au plus vite à des sanctions d’une absolue fermeté. Il en va de la sérénité des étudiants juifs à Sciences Po et sur les campus français », a-t-elle poursuivi sur X.

Le syndicat L’Union étudiante de Sciences Po a déploré de son côté cette saisine. « Que leur est-il reproché ? Avoir organisé une conférence pendant une matinée dans un amphithéâtre ! », a-t-il dénoncé dans un communiqué, regrettant « une véritable chasse aux sorcières » et un « deux poids deux mesures de la direction criant ».

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