Inceste : seulement 8 % des victimes ont été crues et protégées

Avec le silence autour de l'inceste, « on montre à l’enfant que la loi n’a pas de sens, que sa parole n'est pas prise en compte et que son corps et son intégrité ne sont pas une affaire sérieuse pour nous », déplore le juge Édouard Durand.   - Credit:Antoine Boureau/Hans Lucas via AFP
Avec le silence autour de l'inceste, « on montre à l’enfant que la loi n’a pas de sens, que sa parole n'est pas prise en compte et que son corps et son intégrité ne sont pas une affaire sérieuse pour nous », déplore le juge Édouard Durand. - Credit:Antoine Boureau/Hans Lucas via AFP

Ce sont 27 000 témoignages, recueillis pendant deux ans. Ils racontent la longue « sortie du silence », l'importance vitale de la parole, les enjeux de son accueil par un tiers, l'accompagnement fondamental des victimes. Et l'amorce, trop lente, de la prise de conscience. « Les résultats de ce travail nous obligent », insiste Édouard Durand, juge des enfants et coprésident de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).

Publié ce jeudi 21 septembre, le rapport de la commission créée en 2021 – à la suite de la parution du livre de Camille Kouchner La Familia grande et du débat public qui s'ensuivit – vise à « alerter les pouvoirs publics et la société dans son ensemble », expose le magistrat. « Il faut regarder le problème en face. »

Car l'inceste, souligne-t-il « n'est pas qu'une affaire privée, c'est même d'abord un problème collectif ». Celui du recueil de la parole, d'abord. Habité par la peur, la honte, la culpabilité et l'incompréhension, seul un enfant sur dix révèle les faits après qu'ils ont eu lieu. Quand six sur dix le font plus de dix ans après ou à l'âge adulte.

Une politique publique de soutien

Un coup d'épée dans l'eau : si un enfant sur deux est victime d'inceste en présence ou au su d'autres membres de sa famille, l'écrasante majorité d'entre eux ne sont pas crus ou écoutés lors des révélations. Seuls 8 % bénéficient d'un « soutien social positif » – comme entendre les mots « Je te crois, je [...] Lire la suite