Inceste : Ces expertes de l’ONU dénoncent l’incapacité de la France à protéger les victimes

Elles sont sept expertes à demander aux autorités françaises de « s’attaquer aux traitements discriminatoires et aux violences subies par les mères qui tentent de protéger leurs enfants de la prédation sexuelle »
JULIEN DE ROSA / AFP Elles sont sept expertes à demander aux autorités françaises de « s’attaquer aux traitements discriminatoires et aux violences subies par les mères qui tentent de protéger leurs enfants de la prédation sexuelle »

INCESTE - Il faut « agir de toute urgence ». Ce vendredi 19 janvier, des expertes de l’ONU ont appelé la France à protéger sans attendre les enfants contre l’inceste et toutes les formes de violences sexuelles, ainsi qu’à mettre fin aux « traitements discriminatoires » subis par les mères qui les dénoncent.

Neuf membres de la Ciivise démissionnent et dénoncent la « mort » de la commission

Elles sont sept, deux rapporteuses spéciales et cinq expertes du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, à demander aux autorités françaises de « s’attaquer aux traitements discriminatoires et aux violences subies par les mères qui tentent de protéger leurs enfants de la prédation sexuelle ». Même si elles sont mandatées par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU dans le cadre de leurs fonctions, ce n’est en revanche pas au nom de l’organisation elles ne prennent pas la parole.

Des enfants placés sous la garde de pères accusés de violences

« Malgré des allégations crédibles d’abus sexuels et de violences incestueuses sur des enfants par leur père, la France a fait peu de cas des principes de précaution et de l’intérêt supérieur de l’enfant, et a autorisé la maltraitance de leurs mères », accusent-elles. Elles s’appuient sur trois cas de mères poursuivies pour avoir soustrait les enfants à leurs pères respectifs, accusés de violences sexuelles ou physiques et psychologiques. Ces cas avaient été détaillés dans un courrier adressé par les expertes aux autorités françaises le 27 juillet 2023.

Or, les expertes ont constaté que, selon les allégations, « les enfants sont victimes d’abus sexuels ou courent un risque élevé d’abus sexuels de la part de leurs pères ou d’auteurs présumés contre lesquels il existe des preuves crédibles et troublantes d’abus sexuels incestueux. »

Pourtant, « malgré ces allégations, et en l’absence d’enquête adéquate », elles soulignent que ces enfants restent « placés sous la garde des pères contre lesquels les allégations sont faites, et les mères sont sanctionnées pour enlèvement d’enfant pour avoir essayé de protéger leurs enfants », ont-elles souligné.

Respecter un principe de précaution

Appelant à avoir l’intérêt supérieur de l’enfant pour première considération, les sept expertes de l’ONU ont exhorté les autorités à respecter le « principe de précaution » et le « principe de diligence raisonnable » en matière de protection de l’enfance, en particulier pendant les procédures judiciaires, afin de permettre une approche préventive.

Elles jugent « essentiel de sensibiliser les responsables de l’application de la loi et de la justice et de renforcer leur capacité à surveiller et à traiter efficacement les violations des droits de l’homme dont sont victimes ces enfants et leurs mères. » Des conclusions confirmées, selon les autrices, par les travaux de la Ciivise.

À voir également sur Le HuffPost :

La Ciivise rend son rapport final, et voici trois mesures essentielles qu’elle propose

« On parle de libérer la parole, mais qui veut vraiment écouter les victimes d’inceste ? » - Témoignage