Incertitude sur le sort du cerveau des attentats de Paris

Les enquêteurs français n'ont encore pu déterminer si Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire présumé des attentats du 13 novembre, se trouvait mercredi au nombre des suspects tués lors de l'assaut de Saint-Denis, au nord de Paris, a déclaré le procureur de la République de Paris. /Photo d'archives issue des réseaux sociaux/REUTERS

PARIS (Reuters) - Les enquêteurs français n'ont pas encore pu déterminer si le commanditaire présumé des attentats du 13 novembre se trouvait mercredi au nombre des suspects tués lors de l'assaut de Saint-Denis, au nord de Paris, a déclaré le procureur de la République de Paris. Ni lui, ni Salah Abdeslam, recherché depuis les attentats qui ont fait 129 morts à Paris et aux abords du Stade de France, ne figurent parmi les huit personnes placées en garde à vue après cette opération, a précisé François Molins lors d'une conférence de presse. Sept hommes et une femme étaient en garde à vue mercredi soir à la suite de l'opération de police qui s'est soldée par la mort d'au moins deux personnes dans les rangs des djihadistes présumés. L'assaut, qui a débuté à 04h20 (03h20 GMT) et duré plusieurs heures, visant aussi deux appartements mitoyens du premier, a d'abord permis aux forces de l'ordre d'interpeller trois hommes vers 04h45, dans l'appartement dans lequel ils étaient retranchés. L'un est blessé par balles au bras et aucun n'a été formellement identifié. Deux autres hommes ont été appréhendés dans les gravats de l'immeuble. L'un d'entre eux est blessé. Les trois derniers gardés à vue, interpellés en pleine rue, sont soupçonnés d'avoir joué un rôle dans la mise à disposition de l'appartement dit "conspiratif" de la rue Corbillon, à Saint-Denis. Au nombre des tués figure vraisemblablement une femme qui s'est fait exploser mais "ce point devra être vérifié", a dit François Molins. Selon une source proche du dossier, il s'agirait de la cousine d'Abdelhamid Abaaoud. Le procureur a insisté sur la difficulté d'identifier les corps et même de les dénombrer mais aussi de recueillir des éléments sur place après une opération d'une extrême violence - plus de 5.000 munitions tirées par les forces de sécurité, un plancher effondré et un immeuble dont il a fallu étayer les parois. "Les constatations dans l'immeuble sont extrêmement délicates et à l'heure où je vous parle je ne suis pas en mesure de vous donner un bilan précis du nombre définitif et des identités des personnes décédées", a-t-il ajouté. Tout laisse à penser que l'équipe de djihadistes présumés "neutralisée" mercredi matin "pouvait passer à l'acte", a-t-il toutefois précisé. Avant lui, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait évoqué des "personnes qui auraient pu frapper de nouveau". Ils projetaient un attentat dès jeudi dans le quartier d'affaires de La Défense, d'après une source proche du dossier. Les autorités françaises ont reçu lundi en fin de journée un témoignage - validé par des vérifications téléphoniques et bancaires - faisant état de la présence du Belge Abdelhamid Abaaoud sur le territoire français, a dit François Molins. Après de nombreuses vérifications, les enquêteurs estimaient que le "cerveau" présumé des attentats pouvait se trouver dans un appartement au troisième étage de l'immeuble de Saint-Denis qui a fait l'objet d'un assaut dans lequel cinq policiers ont été légèrement blessés. (Chine Labbé, avec Emmanuel Jarry et Grégory Blachier)