Incendie à Tchernobyl : faut-il s'inquiéter ?

Depuis le 4 avril, un incendie ravage une forêt près de l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl, provoquant une grosse inquiétude malgré les propos rassurants du gouvernement ukrainien.

Si Kiev s’est montré rassurant concernant l’important incendie dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, l’ONG Greenpeace estime qu’il n’est plus qu’à 1,5 km des réacteurs placés sous sarcophage. Qu’en est-il vraiment ?

Après les incendies qui ont ravagé l’Australie et la pandémie de coronavirus dans le monde, ce début d’année 2020 pourrait être à nouveau marqué par une catastrophe planétaire. Depuis le 4 avril, un gigantesque feu de forêt progresse autour de l’ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl, théâtre de la catastrophe survenue en Ukraine en avril 1986.

Plus de 400 pompiers ukrainiens sont déployés sur place pour tenter de maîtriser l’incendie lancé par un jeune homme de 27 ans qui voulait brûler de l’herbe pour “s’amuser”, selon la police. Des hélicoptères bombardiers d'eau sont également déployés pour éteindre le feu, entretenu par des vents violents. Si les autorités tentent de se montrer rassurantes concernant les conséquences que pourrait avoir l’incendie, les observateurs affirment que le feu se rapproche dangereusement de la centrale théâtre de la plus grosse catastrophe nucléaire de l’histoire.

“Pas menacés”

Volodymyr Demtchouk, haut responsable des services d'urgence ukrainien, a déclaré dans une vidéo publiée lundi sur Facebook que “la centrale nucléaire de Tchernobyl, les lieux de stockage de déchets radioactifs et les autres infrastructures cruciales de la zone d’exclusion ne sont pas menacés”. Si les autorités font bien état d’une radiation plus élevée que la norme en raison des flammes, les concentrations resteraient pour l’instant sans danger pour l’homme, tant que le feu n’atteint pas les bâtiments de Prypiat, ville évacuée après la catastrophe du 26 avril 1986.

Cependant, Yaroslav Iemelianenko, directeur d'une association organisant des visites guidées dans cette zone d’exclusion, a quant à lui affirmé que l’incendie avait atteint la ville fantôme de Prypiat.

De son côté, le vice-ministre de l'Intérieur Anton Gerachtchenko a déclaré sur Facebook que les sites de stockages de déchets radioactifs étaient “totalement en sécurité”, en ​​insistant sur le fait que l’immense structure en béton construite pour couvrir l’ancien site nucléaire est sûre. Il admet en revanche que l’incendie est compliqué à maîtriser du fait que les pompiers ne peuvent pas creuser de tranchées dans le sol pour freiner la propagation du feu, car des “particules radioactives” pourraient être exposées.

“Le pire incendie jamais observé”

Pas le même son de cloche du côté de Greepeace, qui affirme grâce à des images satellites que le feu n'est plus qu’à environ 1,5 km de l'arche recouvrant le réacteur ayant explosé par accident en 1986. L’ONG estime qu’il s'agit du “pire incendie” jamais observé dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, qui forme un rayon de 30 kilomètres autour de l'ancienne centrale nucléaire.

Une vidéo tournée à l’intérieur de la centrale montre en effet que l’incendie n’est vraiment plus très loin de celle-ci.

Pour Sergiy Zibtsev, directeur du Centre régional de suivi des incendies en Europe de l'Est, basé à Kiev et lié à un programme des Nations unies, le feu est “gigantesque” et “imprévisible”. “Dans l’ouest de la zone d’exclusion, il a déjà couvert 20 000 hectares selon nos estimations”, a-t-il ajouté.

Ce contenu peut également vous intéresser :