Impunité

Les photos qui nous viennent de Syrie, où une attaque chimique a causé la mort d’une centaine de personnes, sont insoutenables. Intolérables. Ces enfants gazés nous rappellent de leurs yeux grands ouverts sur l’horreur qu’à quelques milliers de kilomètres d’ici, pendant que nous savourons les premiers jours du printemps, un peuple tout entier est massacré dans le silence général. Et le pire, ce n’est pas cette photo. Le pire, c’est qu’elle ressemble en tout point à d’autres photos prises il y a quatre ans, en 2013, quand le régime syrien avait une première fois utilisé l’arme chimique contre sa propre population. Car, quoi qu’en disent Damas et Moscou, les témoignages recueillis pointent bien du doigt la responsabilité de Bachar al-Assad dans cette nouvelle tuerie. Une question se pose alors, cruciale : qu’ont fait les Russes qui, en 2013, s’étaient portés garants de la destruction des sites syriens d’armes chimiques ? Manifestement, ils n’ont pas fait le job. Par négligence ou volontairement ? C’est bien cette garantie qui avait alors stoppé les bombardements prévus par les Américains et les Français. Et c’est fort de cette protection que Bachar al-Assad, depuis cette date, tue son peuple en toute impunité, sans qu’aucun autre dirigeant de la planète ne souhaite ou ne parvienne à l’arrêter.

Six ans que les enjeux de pouvoirs, les lâchetés et les impuissances bloquent tout espoir de sortie de ce conflit qui a fait plus de 400 000 morts. Le pire, c’est que ces photos ne seront sans doute pas les dernières. La communauté internationale est dans une impasse totale. Bachar al-Assad a perdu la raison et Moscou refuse de le lâcher au prétexte que la menace jihadiste - réelle - est pire. L’Europe est exsangue, ses deux piliers, la France et l’Allemagne, paralysés par des campagnes électorales. Et les Américains sont gouvernés par un fou dont on ne sait si l’on préférerait qu’il intervienne ou qu’il s’abstienne. Le pire, c’est cette impuissance. Et cette honte. Sans fin.

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