"Impuissance", "décevant"... Le courrier d'Emmanuel Macron étrillé par les oppositions
L'opération ne prend pas. Après les rencontres de Saint-Denis qui ont mis autour de la table Emmanuel Macron et les chefs de partis politiques pendant plus de 12 heures, les réponses à cette initiative présidentielle ont des airs de douche froide pour l'Élysée.
Le président s'est pourtant fendu ce vendredi d'un courrier à "amender" qui contenait un compte-rendu de ce rendez-vous et des pistes de réflexion.
La hausse des prix, "un sujet même pas traité"
C'est Olivier Faure qui a dégainé le premier quelques heures plus tard, en regrettant "l'opération camouflage de l'impuissance d'un président qui n'a plus de majorité" à l'Assemblée nationale.
L'inflation est "un sujet qui devrait être un sujet majeur et qui n'est même pas traité", a encore regretté le patron du Parti socialiste.
Il faut dire que le courrier du chef de l'État fait surtout la part belle aux questions institutionnelles, sans annonce précise. En matière de pouvoir d'achat, le président renvoie à une conférence sociale courant octobre qui planchera principalement sur "les branches où la rémunération est inférieure au salaire minimum". Exit donc une hausse des salaires plus globale comme le réclame la gauche.
"Une déplorable campagne de communication"
Manuel Bompard n'est guère plus tendre. "L'urgence sociale du pays" n'a pu "être abordée que par effraction après 10 heures de discussion", a fait savoir le coordinateur de La France insoumise.
La question de l'inflation qui monte à 5% sur les prix de l'alimentaire n'est arrivée sur la table des discussions qu'en fin de rencontre, après la situation internationale et les questions institutionnelles, comme le recours au référendum.
Ce rendez-vous est un exemple des "déplorables campagnes de communication sans effet auxquelles vous pensez avoir habitué le pays", a encore tancé l'insoumis.
"Deux phrases" de Macron sur le réchauffement climatique
La patronne des écologistes, Marine Tondelier, regrette, elle, que la lutte contre le réchauffement climatique ne soit pas au cœur des priorités du président. "Seules deux phrases sur six pages" du courrier présidentiel évoquent cette thématique en pleine accélération du réchauffement de la planète. Les événements climatiques extrêmes se sont multipliés tout l'été.
"Nous n'avons besoin ni de communication pour se donner bonne conscience, ni d'excuses pour refuser vos responsabilités, ni de prétextes pour renvoyer à plus tard des décisions indispensables", écrit également la secrétaire nationale d'Europe-Écologie-Les-Verts.
Fabien Roussel a de son côté appelé à des "réponses inédites" en se demandant comment "avancer dans un cadre (de discussions) si restrictif, si cadenassé".
Une initiative "décevante"
La droite n'est guère plus clémente. Le numéro 1 des Républicains Éric Ciotti juge l'initiative lancée par le président "relativement décevante par sa méthode et son ampleur".
Disant attendre autre chose qu'un "compte-rendu" de réunion, il exige de la part du chef de l'État qu'il dise "la suite qu'il va réserver" à la proposition LR sur un référendum sur l'immigration, et qu'il fixe dans le même temps un "calendrier précis".
Emmanuel Macron a déjà fermé la porte à toute consultation populaire sur les questions migratoires. Pas question non plus de demander aux Français leur avis sur la réforme des retraites, comme l'exige la gauche.
Vers un boycott
Quant à Jordan Bardella, appelé en personne par Emmanuel Macron avant les rencontres de Saint-Denis, il n'a pas répondu par écrit au président.
Les oppositions seront-elles au rendez-vous du prochain rendez-vous souhaité par le président qui s'est cependant gardé de donner une date précise ? Rien n'est moins sûr.
Olivier Faure n'a pas assuré de sa présence dans son courrier. Marine Tondelier a renvoyé sa participation à "des réunions sur l'écologie". Manuel Bompard a expliqué sur BFMTV dimanche ne pas souhaiter se rendre au prochain raout dont il juge le fonctionnement "extraordinairement monarchique".
Éric Ciotti a, lui, fait comprendre que son parti ne se "pliera" pas à un "énième exercice de communication", en renvoyant la suite d'éventuelles discussions au Parlement. "Si c'est pour discuter avec Emmanuel Macron de la pluie et du beau temps, ça ne m'intéresse pas", a fait savoir de son côté Jordan Bardella.