Illusions perdues (France 2) - Xavier Giannoli : "Vincent Lacoste, c’est un génie"

Pour le réalisateur de Marguerite, cela a toujours été une évidence : ce roman, qui l’avait bouleversé à 19 ans, à peu près l’âge de Rubempré, le héros d’Honoré de Balzac, il en ferait un film. Pendant les trente années qui ont suivi, il a lu et relu ce titre phare de La Comédie humaine, l’a étudié, pour mieux s’en libérer et offrir la vision personnelle et moderne d’une époque, le début du XIXe siècle, où la marchandisation du monde est déjà en marche, où la presse d’opinion naissante fait et défait les réputations d’un trait de plume acéré, chèrement monnayé. « Illusions perdues est un film de gangsters, suggère le cinéaste. L’encre coule à la place du sang, mais Balzac ne décrit pas autre chose que le “milieu”, cette bande de parrains que sont les journalistes critiques d’alors, qui flinguent des carrières, prêts à racketter ou à éliminer pour défendre leur territoire dans les théâtres. » Le temps d’une ascension et d’une chute, Lucien Rubempré sera de ceux-là. Poète en herbe, ce fils d’imprimeur rêve de gloire et d’une particule. Il quitte son Angoulême natale pour Paris, ville des belles lettres et de la haute société, mais aussi royaume des affairistes et des combinards. Il y apprend la corruption, la mauvaise foi et la méchanceté auprès d’Étienne Lousteau, jeune chroniqueur féroce et déluré, qui lui rappelle que tout s’achète, tout se vend : la notoriété, la réputation, l’amour…

ENRÔLER LES MEILLEURS

Vincent Lacoste dans la redingote de ce plumitif corrosif, il fallait y penser. « Vincent, c’est un génie. Lousteau est un personnage cynique qui a renoncé et qui souffre, mais il fallait lui donner une drôlerie et une ironie. Je le savais capable de jouer cette nuance », apprécie Giannoli, qui a aussi été très inspiré, en confiant le rôle de Rubempré à Benjamin Voisin, gueule d’ange révélée dans Été 85, de François Ozon. « C’est un animal fabuleux. Il donne une vitalité furieusement contemporaine à cette figure de la littérature classique. Rubempré mérite, selon moi, la cruauté des expériences qu’il endure. Je le voulais plus complexe, plus humain que chez Balzac, qui est souvent dur et punitif avec ses personnages. » Le jeune acteur enfile donc les délicates toilettes de l’ambitieux candide avec aisance et donne la réplique sans trembler à Cécile de France, Jeanne Balibar, Xavier Dolan, Jean- François Stévenin, ici dans son dernier rôle, ou Gérard Depardieu, dans l’une de ses dernières ...

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