Il faut admettre qu'Assad restera au pouvoir, dit le Hezbollah

le cheikh Naïm Kassem, numéro deux du mouvement chiite libanais Hezbollah. Dabs une interview accordée à Reuters, il estime que les Occidentaux doivent admettre la réalité de la situation en Syrie et le maintien du président Bachar al Assad au pouvoir. /Photo d'archives/REUTERS/Cynthia Karam

BEYROUTH (Reuters) - Les Occidentaux doivent admettre la réalité de la situation en Syrie et le maintien du président Bachar al Assad au pouvoir, a déclaré à Reuters le cheikh Naïm Kassem, numéro deux du mouvement chiite libanais Hezbollah. "En Syrie , il y a une réalité objective que l'Occident devrait admettre au lieu de poursuivre ses rêves et ses faux espoirs", a-t-il dit lors d'une interview dans le sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah. Les Etats-Unis et ses alliés occidentaux, a-t-il ajouté, n'ont aucune politique cohérente sur la Syrie depuis que de nombreux combattants dijhadistes se sont alliés aux rebelles. Divisés, les représentants de l'opposition syrienne ont prouvé leur incapacité à présenter une alternative viable après quarante années de pouvoir de la dynastie Assad, a poursuivi le cheikh Naïm Kassem. "Le choix est donc clair: soit s'entendre avec Assad et parvenir à un résultat, soit faire durer la crise en sachant pourtant que le président Assad continuera à diriger le pays." Le chef du Hezbollah, le cheikh Hassan Nasrallah, a également estimé récemment que Bachar al Assad ne risquait plus d'être renversé par les armes et que les succès des forces gouvernementales ces derniers mois avaient fait s'éloigner le risque d'une partition de la Syrie. Pour le cheikh Kassem, la position américaine sur le dossier syrien est "confuse". "D'un côté ils veulent la chute du régime Assad et d'un autre côté ils n'ont aucun contrôle sur l'opposition représentée par l'Etat islamique en Irak et au Levant et le Front al Nosra", deux groupes islamistes qui ne peuvent qu'inquiéter Washington, explique-t-il. C'est pourquoi, selon lui, les Américains, faute de mieux, ont choisi de laisser les choses suivre leur cours. "Cette impasse et le manque d'initiatives internationales ou régionales pour trouver une solution politique ne peuvent que prolonger la crise actuelle", déplore-t-il. Pour le cheikh Kassem, il ne fait aucun doute qu'Assad remportera la prochaine élection présidentielle, que les Occidentaux considèrent comme une parodie de démocratie. "Je suis convaincu qu'Assad va gagner car il a un soutien populaire, le soutien de tous les groupes en Syrie, des sunnites aux laïques" qui ont de plus en plus peur des islamistes, a-t-il dit. Le Hezbollah a envoyé des hommes combattre aux côtés des soldats gouvernementaux en Syrie. "C'est toujours, actuellement, une présence nécessaire et fondamentale", a souligné le numéro deux du mouvement. "Mais si les circonstances changent, nous pourrons revoir cet engagement." (Samia Nakhoul et Laila Bassam, Guy Kerivel pour le service français)