Ida Lupino : l'insolente féministe de Hollywood

Humphrey Bogart et Ida Lupino dans « High Sierra » de Raoul Walsh  (1941).
Humphrey Bogart et Ida Lupino dans « High Sierra » de Raoul Walsh (1941).

Ses grands yeux étaient teintés de violet, disait-on. Et ils ont séduit plus d'un metteur en scène. Pourtant, Ida Lupino, en dépit de son incroyable talent d'actrice, et d'une cinquantaine de films à son actif, n'a pas marqué la légende de Hollywood, à l'instar d'une Bette Davies ou d'une Joan Crawford. La faute à qui ? La faute à quoi ? Peut-être à son caractère, à sa façon de tenir tête à ses messieurs quand d'autres ne pipaient mot. Pourtant, c'est aussi grâce à cette détermination et à une intarissable soif d'indépendance qu'elle est devenue, dans les années 1950, l'unique réalisatrice de Hollywood. Aujourd'hui, une rétrospective remet en avant son travail exigeant. L'occasion de (re)découvrir sur grand écran quatre des six films à forte portée sociale que cette pionnière du cinéma indépendant, symbole du combat des femmes dans l'industrie du cinéma américain, a réalisés entre 1949 et 1956. Pour que son public dépasse enfin la simple poignée de cinéphiles ? de Bertrand Tavernier à Martin Scorsese ? qui l'adulent depuis des années.

Pour Ida Lupino, Anglaise pure souche, issue d'une longue lignée d'acteurs (treize générations, qui dit mieux ?), tout droit sortie de la Royal Academy de Londres, obtenir en 1933 un contrat avec la Paramount sonne comme une promesse : celle de tous les possibles. Mais, lorsqu'elle quitte son île natale pour débarquer en Californie, ses illusions font long feu. Car être actrice à Hollywood consiste essentiellement à apprendre [...] Lire la suite