Ibrahim Maalouf sort "Capacity to love", imprégné de hip-hop américain: "Je voulais sortir de ma zone de confort"

Ibrahim Maalouf sort son 15e album studio,
Ibrahim Maalouf sort son 15e album studio,

Il revient d'une mini-tournée outre-Atlantique où il a "pris la température", testé l'accueil réservé à son nouvel album Capacity to love, disponible ce 4 novembre. Pour ce 15e album studio, le trompettiste Ibrahim Maalouf, a voulu "sortir de [sa] zone de confort, partir très loin de ses bases et se frotter à la culture urbaine américaine. Pour Capacity to love, il a même changé sa façon de travailler.

• Une envie d'ailleurs

Pour cet album, enregistré entre Paris et Los Angeles, le musicien habitué à travailler seul s'est entouré pour la première fois de deux collaborateurs, le Français NuTone et l'Américain Henry Was.

"J'ai convié deux très jeunes artistes, des petits génies de la production, des vrais geeks, super musiciens, super producteurs. Ils avaient un regard plus moderne et plus affuté que le mien sur la culture urbaine".

Résultat, l'album est émaillé de collaborations avec des artistes issus du hip-hop américain, de Erick the Architect, qui l'accompagne sur deux titres, Money, premier extrait de l'album, et Right time, à De La Soul (Quiet Culture).

Ses deux jeunes collaborateurs lui ont ainsi fait découvrir des artistes qu'il ne connaissait pas, tels que Alemeda, jeune chanteuse américaine d'origine éthiopienne avec qui il interprète Better on my own, ou D Smoke, révélé par le télécrochet Rhythm + Flow sur Netflix.

Pour cet album, Ibrahim Maalouf a été mû par une envie "d'aller ailleurs", de "prendre des risques", avec des artistes que "personne ne connaît en France", comme Dear Silas.

• Un titre comme une évidence

C'est le crooner américain Gregory Porter qui a trouvé le titre de l'album. "Nous étions au studio Revival à Los Angeles, historiquement le studio de Earth Wind and Fire, et je lui raconte la philosophie derrière cet album. Et il me dit 'ça parle de la capacité à nous aimer, en fait'. Il avait réussi à résumer tout ce que je lui avait dit pendant une demi-heure en deux mots. On a enregistré un titre qui s'appelle Capacity to love, et très rapidement, je me suis dit 'c'est le titre de l'album!'"

• La voix de Charlie Chaplin

Au début de l'album, résonne la voix de Charlie Chaplin. Il s'agit d'un extrait du célèbre discours final du Dictateur. Un discours qu'Ibrahim Maalouf a "en tête depuis des années".

"Ce discours m'a touché quand j'étais petit, quand j'ai vu le film avec ma classe à l'école, puis des années plus tard. Et j'y ai repensé souvent, et surtout ces dernières années en voyant une sorte de montée des extrêmes, et d'intolérance qui se banalise".

Le jugeant "toujours aussi pertinent" 80 ans plus tard, Ibrahim Maalouf a décidé de l'intégrer à son album. Ouvrir l'album avec ce discours est alors devenu "une évidence".

Il a alors contacté la "tribu des enfants de Chaplin" par l'intermédiaire de son petit-fils James Thiérée. "Je leur ai fait écouter la musique, ils ont adoré. Ils ont trouvé que ça mettait vraiment en valeur l'histoire de Chaplin".

• Les larmes de Sharon Stone

Le titre Our Flag, à la fin de l'album, dont le clip sort ce vendredi en même temps que l'album, est le fruit d'une collaboration assez improbable de prime abord avec l'actrice américaine Sharon Stone.

"J'ai découvert il y a quelques années que Sharon Stone écoutait ma musique et qu'elle aimait bien ce que je faisais. Ca a démarré comme ça. Donc je lui ai envoyé un message lui disant que j'aimerais lui faire écouter une musique sur laquelle j'aimerais qu'elle pose sa voix. Elle a donné son accord et on s'est donné rendez-vous à Los Angeles chez elle. Je lui ai fait écouter la musique, elle s'est mise à pleurer".

Le musicien lui a alors demandé d'écrire un texte pour poser sa voix sur le morceau. Un texte "qui fasse écho" à celui de Charlie Chaplin au début de l'album, mais avec des accents modernes.

"Tout de suite pour moi ça avait du sens, parce que c'est une femme qui est l'une des plus grandes stars hollywoodiennes, qui a aussi bouleversé le regard qu'on porte sur les femmes dans le cinéma américain [...] C'est aussi une très grande humaniste. Elle est très engagée".

Article original publié sur BFMTV.com