Avec « Hyperdrama », Justice s’empare du gabber, un genre musical qu’on entend peu à la radio

Justice, ici sur la scène de Coachella, au mois d’avril 2024, aux États-Unis.
Dania Maxwell / Los Angeles Times via Getty Imag Justice, ici sur la scène de Coachella, au mois d’avril 2024, aux États-Unis.

MUSIQUE - Un peu moins d’une semaine après s’être envolé pour Coachella, Justice nous revient. Le vendredi 26 avril, le duo superstar de la scène électro française a dévoilé son quatrième album en date Hyperdrama, un disque qui a des chances de faire danser bien au-delà de l’immense festival californien.

Au menu ? Du disco, du heavy metal, de la pop, mais aussi des vois d’anges - celles des chanteurs Miguel, Thundercat et Kevin Parker de Tame Impala - sur fond de techno, donnant ainsi à Hyperdrama une « saveur apocalyptique », selon Xavier de Rosnay (dans Télérama), moitié du groupe qu’il forme avec Gaspard Augé depuis vingt ans.

Fait rare pour un album de musique électronique grand public, les deux hommes se sont emparés d’un sous-genre musical de techno hard-core qu’on n’a pas franchement l’habitude d’entendre à la radio : le gabber. Tendez l’oreille sur Neverender, qui ouvre avec panache le disque. On en retrouve les gimmicks.

Sur Generator, aussi. Le « hoover », ce bruit d’aspirateur qu’on y entend, est typique de cette techno originaire des années 1990 aux Pays-Bas. Dans les notes de production, ses auteurs précisent que le morceau se mue ensuite « en fusion disco funk irrésistible, comme un medley capable de réconcilier sur le dancefloor deux conceptions de la danse et de la performance ».

Le gabber et ses origines

Véritable phénomène en Europe jusqu’au tournant des années 2000, date à laquelle il a progressivement décliné, le gabber se caractérise par un son répétitif ultrarapide (entre 160 et 230 BPM) et des thèmes sombres quand il y a des paroles, comme la violence, la drogue ou la rébellion.

Plus qu’un sous-genre musical, le gabber s’est accompagné d’un vaste mouvement culturel. Emprunté à un terme yiddish couramment utilisé par les jeunes issus des milieux populaires dans les années 1970 à Amsterdam, gabber signifie « pote » ou « ami ».

Ses fans ont un style vestimentaire reconnaissable, comme des survêtements, des lunettes rondes ou un bomber. Et même un style de danse, le hakken, dont les codes sont aujourd’hui de plus en plus repris par de nouvelles figures de la danse contemporaine, comme la chorégraphe belge Lisa Vereertbrugghen ou le collectif français (LA) Horde.

Hyperdrama poursuit l’esprit

Si pour certains le gabber est mort, d’autres en retrouvent l’héritage musical chez plusieurs artistes actuels, à l’instar du groupe sud-africain Die Antwoord et même Lady Gaga. On raconte que la pop star a samplé Dominator, un titre du groupe de techno hard-core néerlandais Human Ressource, pour son tube Bad Romance.

Chez Justice, la postérité se retrouve aussi dans plusieurs autres morceaux d’Hyperdrama aux riffs initialement beaucoup plus rapides, comme Incognito ou Afterimage, « ralenti à l’extrême », précise le duo.

Avant d’ajouter : « La filiation disco-gabber, si elle ne semble pas forcément évidente à l’écoute, est au final assez logique. Dans le gabber et le hard-core, on retrouve très souvent des samples courts de disco ou de funk, comme James Brown, surpitchés et assemblés. » Avec The End, titre à la « cadence énervée », les deux représentants de la French Touch ne clôturent pas seulement ce nouvel album, ils exportent l’esprit d’un genre confidentiel au-delà de ses antennes habituelles.

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