Hydrocarbures : Les réparations des géants du pétrole et du gaz enfin chiffrées
ENVIRONNEMENT - BP, Shell, ExxonMobil, Total… Les plus grandes entreprises fossiles mondiales devraient payer, chaque année, plus de 209 milliards de dollars, soit environ 193 milliards d’euros, en « réparations climatiques », estime une étude publiée ce vendredi 19 mai dans la revue One Earth.
C’est la première fois que des scientifiques ont calculé le coût des dommages économiques engendrés par les firmes pétro-gazières, note The Guardian. Leur rapport, intitulé « Time to Pay the Piper », défend l’idée que ces entreprises, les plus responsables des rejets d’émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent l’atmosphère, doivent utiliser une partie de la richesse ainsi engrangée pour indemniser les très nombreuses victimes.
« Dans le cas de l’industrie des combustibles fossiles, les réparations exigent que les entreprises renoncent à une partie de leur richesse souillée pour fournir aux sujets affectés les moyens financiers de faire face aux dommages climatiques », estiment-ils précisément dans ce rapport.
« Il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg »
Pour quantifier le coût de ces réparations, l’étude s’appuie sur la base de données « Carbon Majors », qui enregistre les émissions des différentes compagnies pétrolières, gazières et de charbon depuis 1988, année où le GIEC a été créé. Ils ont ainsi pu estimer que les 21 plus grands pollueurs du secteur (dont BP, Shell, ExxonMobil ou la compagnie nationale saoudienne par exemple) sont responsables de plus de 5 000 milliards de dollars de dégâts. Des dommages liés aux sécheresses et aux incendies, à l’élévation du niveau de la mer ou encore à la fonte des glaciers, et attendus entre 2025 et 2050.
Le coût obtenu est certes faramineux, mais bien en deçà de la valeur réelle des dégâts, selon les auteurs de l’étude. « La méthodologie exclut la valeur économique des vies et des moyens de subsistance perdus, de l’extinction des espèces et de la perte de biodiversité, ainsi que d’autres composantes du bien-être qui ne sont pas prises en compte dans le PIB », détaillent-ils.
« Il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg des dommages climatiques à long terme et des coûts d’atténuation et d’adaptation », a précisé Richard Heede, cofondateur et directeur du Climate Accountability Institute, l’un des auteurs principaux.
Mohamed Adow, directeur de Power Shift Africa, un groupe de réflexion sur le climat et l’énergie basé au Kenya, a déclaré : « Il est clair que les compagnies pétrolières et gazières doivent payer (...) Non seulement leur énergie sale a détruit le climat, mais elles ont dépensé des millions de dollars en lobbying et en désinformation pour empêcher toute action en faveur de sa protection ».
À ce propos, une étude de la revue Science parue en janvier avait mis en lumière les mensonges d’ExxonMobil. Grâce à ses experts et ses études internes, le géant pétrolier avait des connaissances très précises sur le changement climatique dès les années 70. Mais il avait choisi de ne jamais les divulguer, bien au contraire, menant de nombreuses actions pour vanter et protéger le secteur des hydrocarbures. Après quoi, le secrétaire général de l’ONU avait appelé à poursuivre les grands groupes du secteur pour avoir caché pendant des décennies les informations dont elles disposaient sur le lien de causalité entre le recours aux énergies fossiles et le réchauffement climatique.
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