« Huit et demi » : dans la tête de Federico Fellini

Le réalisateur italien Federico Fellini (à droite) et le comédien Marcello Mastroianni sur le tournage de Huit et demi, en 1963.  - Credit:Archives du 7e Art/Photo12 via AFP
Le réalisateur italien Federico Fellini (à droite) et le comédien Marcello Mastroianni sur le tournage de Huit et demi, en 1963. - Credit:Archives du 7e Art/Photo12 via AFP

En 1993, pour les 30 ans de Huit et demi, Martin Scorsese – dans son rôle d'ambassadeur du grand cinéma mondial, et en particulier italien – accorde une interview à la télévision américaine. « J'ai voulu montrer Huit et demi à ma fille de 16 ans parce que c'est un film très important pour moi, raconte-t-il, et puis je me suis rendu compte qu'il ne faut surtout pas commencer par Huit et demi ! On a commencé par La Strada, Les Nuits de Cabiria, La Dolce Vita… et enfin Huit et demi. Pour qu'elle voie le travail et le cheminement de cet artiste qui utilise le cinéma comme son outil d'expression […], comme un peintre. »

De fait, le film porte le numéro de sa fabrication comme une œuvre d'art contemporaine : il est le huitième film de son auteur – le « demi » s'explique par un film que Fellini a coréalisé avec Alberto Lattuada, Les Feux du music-hall, en 1950. Scorsese a raison : il faut une vue d'ensemble de l'œuvre pour comprendre Huit et demi.

Le goût de l'onirique

D'abord dessinateur de presse, Federico Fellini est entré en cinéma par le néoréalisme aux côtés de Roberto Rossellini. Son premier film est une comédie (Le Cheikh blanc, 1952) et sa première spécialité, le mélodrame (La Strada, 1954 ; Les Nuits de Cabiria, 1957). Avec La Dolce Vita (1960), il livre une déambulation existentielle qui emprunte à tous les genres, un film somme d'une intense mélancolie. Le succès mondial, en partie fondé sur un malentendu – car la douceur de vivre du titre est amère et c [...] Lire la suite