"On est des hors-la-loi": au cœur du plus grand bidonville de France à Mayotte

Les policiers du Raid envoyés il y a dizaine de jours sur l'île de Mayotte, pour renforcer les forces de l'ordre qui font face à une multiplication des violences, rentrent à Paris ce lundi. Un départ qui inquiète les policiers du département français situé dans l'océan indien, qui voyaient un repli des bandes les plus violentes depuis le déploiement de l'unité d'élite.

C'est notamment à Kawéni, surnommé le plus grand bidonville de France, que des bandes de jeunes se livrent à une guerre de territoires sans merci. À l'abri des regards, un adolescent d'à peine 14 ans accepte de montrer l'arme avec laquelle il affronte ses rivaux.

"Vous voyez bien que c'est une machette, je vais vous montrer", déclare-t-il au micro de BFMTV, déployant une longue arme rangée dans un étui. "Avec ça, on ne peut pas frapper quelqu'un pour rien, [...] si vous nous cherchez, vous allez nous trouver".

Comme beaucoup de jeunes habitant le bidonville, cet adolescent est arrivé en France clandestinement avec ses parents depuis l'archipel des Comores. Livré à lui-même dans le bidonville il n'a connu depuis que le culte de la violence, faisant de l'alcool, sa bande et les armes ses compagnons d'infortune.

"Les gens nous craignaient"

Il suit notamment les ordres de son chef, Jordan. Âgé de 23 ans, cet homme a appris à se faire respecter à Kawéni, et a imposé sa loi dans le quartier. "Nous la bande, on nous dit qu'on est des hors-la-loi", commente-t-il.

Pendant un temps, il a même instauré un couvre-feu pour les habitants qui ne faisaient pas partie de sa bande.

"Je voulais être libre, soit de me poser avec mes chiens ou avec des camarades, et je mettais ma machette derrière [le dos], donc en venant là les gens nous craignaient, on voyait qu'ils avaient très peur", se souvient Jordan.

Il affirme avoir désormais renoncé à cette vie de vols et d'agressions. Mais sur cette île où des milliers de mineurs isolés peuplent les bidonvilles, ils sont déjà nombreux à vouloir prendre sa place. Et les violences, qui s'étaient calmées avec l'arrivée sur place du Raid, pourraient reprendre dès leur départ.

Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin doit s rendre fin décembre pour constater l'évolution de la situation sécuritaire sur l'île, où sont attendus 72 gendarmes mobiles.

Article original publié sur BFMTV.com